Origine et histoire de l'Hôtel de Nupces
L'hôtel de Nupces se situe au n°15 de la rue de la Bourse, dans le centre historique de Toulouse ; sa construction est datée entre 1716 et 1728 pour Jean-Georges de Nupces. Représentatif de la diffusion du style classique à Toulouse et précoce exemple d'hôtel particulier entre cour et jardin, il occupe l'emplacement d'un édifice antérieur appelé hôtel des Lancefoc, probablement construit au XVe siècle pour une famille de marchands pastelliers. Après des transmissions successives — vente à Antoine François de Paulo en 1565, puis héritage par Marie de Paulo qui épouse François de Nupces — la demeure revient durablement à la famille de Nupces. Jean-Georges de Nupces, ayant racheté la propriété et deux maisons contiguës au début du XVIIIe siècle, entreprend la transformation qui aboutit à l'hôtel tel qu'on le connaît. L'édifice passe ensuite à son fils Guillaume puis, par alliance, à la famille de Senaux, qui modernise une partie des décors et fait réaliser des ferronneries par le serrurier Bernard Ortet au milieu du XVIIIe siècle ; la rampe de l'escalier est attribuée à Ortet. Pendant la Révolution, l'hôtel est saisi comme bien national puis vendu à un marchand, Pierre Sarrus ; il est occupé jusqu'au milieu du XXe siècle, laissé à l'abandon entre 1945 et 1972, puis restauré par un promoteur jusqu'en 1975 et transformé en copropriété accueillant logements, bureaux et une partie dévolue à l'Institut Goethe.
L'hôtel adopte le modèle classique de l'hôtel entre cour et jardin : plan en U composé d'un corps de logis central et de deux ailes en retour, qui encadrent une cour rectangulaire et sont fermés du côté de la rue par un mur de clôture. Les élévations, de style classique et symétriques, masquent l'irrégularité de la parcelle. Sur la rue de la Bourse, les deux ailes sont reliées par un haut mur percé en son centre d'un portail monumental ; l'irrégularité du terrain se traduit par une différence de travées entre l'aile gauche et l'aile droite, sans rompre l'impression d'ordre des façades. Dans la cour d'honneur, le corps de logis occidental compte cinq travées et trois niveaux ; au rez-de-chaussée la porte d'entrée est en plein cintre et les fenêtres présentent des arcs segmentaires, tandis que les ailes nord et sud s'étendent sur sept travées et deux niveaux avec ouvertures en plein cintre et fenêtres rectangulaires au premier étage. Les façades sur jardin se distinguent par une sobriété relative : murs simplement enduits, seuls les encadrements des fenêtres et les corniches sont traités.
L'accès se fait par une large porte cochère légèrement en retrait sur la rue, encadrée de montants de brique, surmontée d'un arc en plein cintre et d'une corniche, la clé étant ornée d'une tête sculptée. Dans la cour, la façade présente un ordonnancement classique avec pilastres ioniques au premier étage et corinthiens au second ; au premier étage un balcon soutenu par deux colonnes ioniques encadre une baie et porte deux grandes urnes. L'escalier à la française, adossé aux murs de brique, s'orne d'une rampe en fer forgé. À l'intérieur, la porte principale ouvre sur un vaste vestibule dominé par le grand escalier ; le grand salon est traversant, s'ouvrant par deux fenêtres sur la cour et six sur le jardin. Les appartements comportaient des décors de stucs au-dessus des portes et des cheminées, transformés lors de la réhabilitation des années 1972-1976, dont deux vestiges subsistent dans la cage d'escalier. L'hôtel de Nupces est inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques le 20 juin 1950 ; la protection couvre les façades et les toitures.