Origine et histoire de l'Hôtel de préfecture
L'hôtel de la Préfecture du Calvados se situe à Caen, en Normandie, et abrite depuis sa construction la préfecture du département. Jusqu'au 31 décembre 2015, il a également tenu le rôle de préfecture de la région Basse-Normandie ; après la fusion avec la Haute-Normandie, la préfecture régionale a été installée à Rouen et Caen accueille désormais le siège du conseil régional de Normandie. L'édifice occupe le côté nord de la place Gambetta, au sud du centre ancien de la ville.
Le projet originel remonte au milieu du XVIIIe siècle, lorsque le comte Gosselin de Manneville fit édifier un hôtel particulier sur un terrain situé entre la porte des Prés et la place Royale. En 1805–1806, Charles Ambroise de Caffarelli du Falga loua puis acquit cet hôtel pour en faire sa résidence et rapprocher ainsi la préfecture du collège du Mont, où les bureaux avaient été transférés en 1803. Ce bâtiment unique, constitué d'un corps de logis rectangulaire longeant la rue Saint-Laurent, fut jugé rapidement trop exigu et affecté par l'humidité en raison de sa proximité de l'Odon ; des réparations envisagées vers 1809 ne furent pas réalisées.
À partir de 1810, plusieurs projets d'agrandissement ou de reconstruction furent envisagés. Jean-Baptiste Philippe Harou présenta deux options, mais le conseil des bâtiments civils préféra rebâtir la résidence plus près des autres services sur un terrain moins humide. Lors de sa venue en mai 1811, Napoléon Ier ne put loger dans l'hôtel qui restait trop petit ; un décret du 25 mai 1811 prescrivit son agrandissement. Les premières esquisses de Harou-Romain furent jugées trop luxueuses, mais, après échanges avec Antoine-François Peyre, un nouveau programme fut finalement approuvé le 24 février 1812.
Les travaux commencèrent en mai-juin 1812 et furent interrompus en octobre 1813 ; ils reprirent en 1817, avec la construction des ailes nord et ouest à l'emplacement des communs. Jean-Baptiste Harou mourut en janvier 1822 et son fils Romain lui succéda ; le chantier principal s'acheva en novembre 1822, tandis que l'aménagement intérieur des ailes se poursuivit jusqu'en 1826. L'ancien hôtel particulier fut démoli en 1848 pour permettre la construction d'une aile de bureaux le long de la rue Saint-Laurent, édifiée entre 1849 et 1851 sous la direction de Paul Verolle, qui respecta le style des prédécesseurs.
En 1857, l'architecte Léon Marcotte aménagea la galerie et le portail fermant la cour au sud et créa, dans l'aile nord, une grande salle à manger officielle ; les sculptures du portail furent réalisées par Auguste Jean Baptiste Lechesne et les ornements impériaux ultérieurement remplacés par des motifs républicains. Marcotte fit également construire en 1864–1865 une aile destinée aux archives départementales, implantée le long de la rue Saint-Laurent et dotée d'une structure métallique continue du rez-de-chaussée aux combles, indépendante des murs porteurs ; ce bâtiment fut mis en service en 1867. Des plans d'Auguste Nicolas de 1884 concernèrent un nouvel édifice pour le conseil général ; ces plans furent modifiés et une aile reliant les archives à l'aile des bureaux est mentionnée comme construite en 1855. Une extension fut ajoutée à l'édifice des archives en 1930.
Lors de la bataille de Caen, les bâtiments alentours, notamment l'ancien séminaire des Eudistes situé de l'autre côté de la rue Saint-Laurent, furent détruits, tandis que la préfecture demeura intacte. En 1950, Marc Brillaud de Laujardière fit édifier de l'autre côté de la place Gambetta un centre administratif départemental pour regrouper certains services ; en 1966, les locaux occupés par le conseil général et les archives furent rasés et le bâtiment actuel du conseil départemental fut construit en 1968 sous la direction de l'architecte départemental Léon Rème.
L'ensemble est partiellement protégé au titre des monuments historiques, avec des classements intervenus le 29 juillet 1963 et le 31 décembre 1986. Sont notamment protégés les façades et toitures, le portail monumental et la galerie attenante, le vestibule et la cage d'escalier, ainsi que plusieurs pièces intérieures remarquables — la salle dite de billard, le bureau privé, le bureau du préfet, le salon rose, le salon des préfets, le salon mauve et diverses salles à manger et salons d'apparat. Les jardins, aménagés sur l'emplacement des anciennes fortifications du XVIe siècle, sont classés comme site depuis le 29 juillet 1937 et figurent parmi les sites naturels protégés.