Origine et histoire de l'Hôtel Particulier
L’hôtel de Rohan-Montbazon est un ancien hôtel particulier situé au 29, rue du Faubourg-Saint-Honoré, dans le 8e arrondissement de Paris. Il est mitoyen de l’hôtel Pillet-Will, au n°31, qui abrite la résidence de l’ambassadeur du Japon en France. Construit en 1719 par l’architecte Pierre Cailleteau dit Lassurance pour Louise-Julie de La Tour d’Auvergne, princesse de Montbazon, il fut édifié à la suite du décès de son mari, le prince François-Armand de Rohan-Guéméné, survenu deux ans auparavant. Attirée dans ce quartier par son frère Louis-Henri de La Tour d’Auvergne, comte d’Évreux, la princesse résidait principalement à la cour de Versailles et loua bientôt l’hôtel au financier Jean‑Marie Richard, qui en fit l’acquisition en 1750 à la mort de la princesse. L’édifice fut alors largement remanié par l’architecte Michel Tannevot, qui ajouta notamment une chapelle et modifia certains décors ainsi que les communs donnant sur la rue, changements vivement critiqués par l’architecte Jacques‑François Blondel : « Cette commodité intérieure nuit à la décoration des dehors, et paraît aussi ridiculement placée que contraire à la bienséance. » L’hôtel passa ensuite à Louis Richard de La Bretèche, receveur général des finances de Tours et frère du précédent propriétaire. En 1792 il fut vendu à Marie‑Madeleine Victoire Thomas, veuve de Louis‑Hyacinthe Raymond de Saint‑Sauveur, qui fit réaliser les décors du grand salon dans le style Premier Empire. À son décès en 1817, l’immeuble fut transmis à ses héritiers Belletrux et Devèze, puis vendu en 1819 au collectionneur Augustin de Lapeyrière, qui l’abrita de nombreuses œuvres d’art. Revendu en 1823 au comte Alexandre César de La Panouse, il passa ensuite à son fils César‑Armand, qui fit entreprendre d’importants travaux par l’architecte Pierre Decloux en 1876, notamment la destruction et la reconstruction complète du bâtiment sur rue et le rehaussement de l’élévation principale de trois niveaux. À la mort du comte en 1879, l’hôtel fut acquis par le comte Frédéric Pillet‑Will ; son épouse, la comtesse Clotilde, y donna de somptueuses réceptions. De 1922 à 1934, le rez‑de‑chaussée et le premier étage donnant sur le jardin furent loués à la couturière Gabrielle Chanel, qui y reçut des personnalités telles qu’Igor Stravinsky, José Maria Sert et son épouse Misia, Serge de Diaghilev et Pablo Picasso. Aujourd’hui en copropriété privée, l’immeuble abrite notamment le cabinet d’avocats BMH. L’édifice est inscrit aux monuments historiques pour son salon de style Premier Empire par arrêté du 7 novembre 1927.