Origine et histoire de l'Hôtel Particulier
L'ancien Hôtel de Transylvanie est un hôtel particulier du 6e arrondissement de Paris situé au 9 quai Malaquais, à l'angle de la rue Bonaparte. Construit entre 1622 et 1624 pour Jacques de Hillerin, prêtre et conseiller au Parlement, il occupe une parcelle acquise lors du lotissement des jardins de l'Hôtel de la Reine Marguerite. Avant sa construction, les cinq frères de Saint-Jean-de-Dieu, appelés à Paris en 1602, y auraient eu un premier logis modeste, abandonné quelques années plus tard à Marguerite de Valois. L'hôtel doit son nom à François Rakoczy, prince de Transylvanie, proscrit en 1711, vivant en France depuis 1713 et l'occupant en 1714 ; sa suite y installa brièvement un tripot. Propriété familiale puis loué et vendu à de nombreuses reprises, il passa des Hillerin à divers héritiers, fut loué vers 1705 à Camille de La Baume d'Hostun, maréchal de Tallard, et fut vendu le 20 avril 1720 au prince et à la princesse de Conty. Il revint ensuite à Marie Pélard de Givry, qui le céda le 31 octobre 1723 à Marie Anne Baillet, veuve d'Antoine-Charles de Gramont ; cette dernière le transmit à Daniel François de Gélas de Lautrec, maréchal de France en 1757, décédé sans postérité en 1762. L'hôtel passa alors à sa nièce Anne Claude Louise d'Arpajon, épouse de Philippe de Noailles-Mouchy ; ils le louèrent en 1782 à Vergennes avant de le vendre en 1791 à Marie-Sébastien-Charles-François Fontaine de Birée. Celui-ci fit redécorer le premier étage dans le style Directoire. En 1809, le notaire Péan de Saint-Gilles en fit l'acquisition ; la famille le conserva jusqu'en 1836, année où il fut vendu au notaire Jean-Jacques Defresnes dont la famille le garda jusqu'en 1892. Au XIXe siècle, l'hôtel eut des locataires illustres, parmi lesquels Joseph Carnot, Vivant Denon et la marquise de Blocqueville ; Adélaïde-Louise d'Eckmühl de Blocqueville y reçut de nombreuses personnalités et Franz Liszt s'y fit entendre. La façade de brique et de pierre présente cinq travées sur quatre niveaux ; elle fut transformée au cours des XVIIIe et XIXe siècles. Les décors intérieurs du premier étage datent de la seconde moitié du XIXe siècle et, à différents étages, plusieurs pièces conservent encore des plafonds à la française. Dans la littérature, le roman Manon Lescaut de l'abbé Prévost évoque l'hôtel : le narrateur Des Grieux s'y enrichit en trichant au jeu.