Origine et histoire de l'Hôtel de ville
L’hôtel de ville de Cherbourg est situé place de la République, à l’angle de la rue de la Paix, dans la commune déléguée de Cherbourg-Octeville (Manche). Sa construction a été engagée en juin 1793 et achevée en 1804. Avant l’édification de cet immeuble, la municipalité siégeait successivement dans l’église de la Trinité (1492–1590), puis dans le château jusqu’à sa destruction en 1688, avant d’occuper alternativement l’église, l’hôtel-Dieu et l’auditoire de la juridiction royale place de la Trinité. L’idée d’un transfert date de 1781 et, en octobre 1786, les édiles s’installent dans les locaux des frères des écoles chrétiennes, présents rue de la Paix depuis 1775 et bientôt place du Calvaire.
Au début du XIXe siècle l’édifice présentait une physionomie sobre, ponctuée par un balcon en granit supporté par deux colonnes du même matériau ; il abritait alors au rez-de-chaussée le concierge et des bureaux, au premier étage la salle du conseil et l’entrée du musée Henry, et au second la bibliothèque ainsi que des collections d’antiquités et d’histoire naturelle. Des dépendances attenantes sur la rue de la Paix étaient occupées par des services scolaires, judiciaires et de police, et la troupe de garnison disposait d’un poste dans un local d’encoignure.
Une aile néo-classique fut ajoutée au sud‑ouest pour fermer en « L » le corps primitif et donner sur la rue de la Paix. En 1851 l’architecte Geoffroy programma une nouvelle extension au sud‑ouest comprenant, au premier étage, une grande salle de réunion publique ; il dressa également les plans d’une seconde adjonction, au nord de cette grande salle, consistant en un second grand salon relié au premier par une pièce en rotonde, et il conçut le décor en stuc des murs et des plafonds. En 1858 l’ensemble était décrit comme composé de deux corps de bâtiment : l’un donnant sur la place d’Armes, contenant bureaux, salle du conseil et musées, l’autre, récemment achevé, regroupant les bureaux du commissaire central et de la caisse d’épargne au rez-de-chaussée et la bibliothèque ainsi que le grand salon de réception au premier étage, avec un écusson sculpté aux armes de la ville au‑dessus de la porte d’entrée. À l’occasion d’une visite impériale, le salon de l’Impératrice fut aménagé et décoré. Le balcon en granit à colonnes doriques, daté du début du XIXe siècle, subsiste dans l’édifice remanié.
En 1893, à la demande du maire, Armand Le Véel établit des plans pour un nouvel hôtel de ville comportant une façade monumentale avec pavillons et décoration allégorique, mais ce projet resta sans suite. La façade fut de nouveau modifiée en 1951, à l’occasion de laquelle le poste de police fut supprimé. Depuis la création de la commune nouvelle de Cherbourg‑en‑Cotentin en 2016, le bâtiment accueille la mairie déléguée de Cherbourg‑Octeville.
La salle des délibérations conserve une cheminée monumentale sculptée des XVe–XVIe siècles, provenant de l’abbaye Notre‑Dame du Vœu, classée au titre des objets aux monuments historiques en 1905. Cette cheminée, issue du logis abbatial démoli par l’armée en 1841, fut démontée, provisoirement exposée dans la cour de l’hôtel de ville, nettoyée en 1852, repeinte en 1857 puis installée dans la grande salle de la bibliothèque en 1858 avant d’être remontée dans la salle des délibérations en 1865 ; elle est datée vers 1500 environ. Le bas‑relief inférieur du manteau porte la crosse et les armes de l’abbaye — parti d’azur et de gueules, au pont à quatre arches d’or sur mer de sinople, accompagné en chef d’une fleur de lys d’or à dextre et d’une tour du même à senestre — ; les parties en retour ont été refaites et un petit fragment sculpté fut arraché lors des bombardements de juillet 1941. La plaque de cheminée, du XIXe siècle, porte les armes de la ville et de l’abbaye.
Le grand salon, le salon octogonal et le salon de l’Impératrice, avec leurs décors et leurs parois intérieures, ainsi que l’escalier desservant le grand salon avec sa cage, sont inscrits au titre des monuments historiques par arrêté du 13 août 2004.