Origine et histoire de l'Hôtel de ville
L'hôtel de ville de La Rochelle abrite la mairie depuis 1298 et est le plus ancien hôtel de ville français encore en fonction. À l'origine, l'échevinage s'installe dans cinq maisons avec un verger ; l'édifice primitif est détruit par un incendie et sa reconstruction débute en 1486 par l'édification du mur de clôture nord, le mur ouest étant achevé en 1498. Cette muraille crénelée, flanquée de tourelles, témoigne de la prospérité commerçante et du désir d'indépendance de la cité. Le bâtiment se trouve en très mauvais état dans la première moitié du XVIe siècle et la reconstruction des corps de logis reprend à la fin du XVIe siècle : le pavillon nord et la grande galerie sont engagés autour de 1595, la galerie étant achevée vers 1605-1606. Le maître-maçon Favreau réalise en 1605-1606 le corps principal, sa galerie et sans doute l'escalier extérieur ; en 1607 le corps de ville acquiert en outre une maison au sud-est, donnant sur la rue des Gentilshommes. Après la défaite de 1628, l'hôtel de ville est transformé en résidence du gouverneur, usage qu'il conserve jusqu'en 1748, puis il redevient propriété municipale. L'escalier extérieur est rebâti en 1815 par Antoine Brossard et les combles sont modifiés par la suite. Classé au titre des monuments historiques le 27 décembre 1861, l'édifice fait l'objet d'une importante restauration et d'extensions à la fin du XIXe siècle : Juste Lisch établit des projets mis en œuvre de 1872 à 1877 sous la surveillance d'Ernest Massiou, avec reconstruction de l'escalier d'honneur, restauration de la grande galerie, prolongement de celle-ci d'une travée vers le nord et décor confié à des artistes parisiens. Lors de ces travaux, des éléments anciens (lucarne, niche et porte) sont déposés et intégrés à des collections muséales, et en 1878 le toit de la tour nord est remplacé par un beffroi. Dans la même période Lisch édifie au sud une extension destinée à la salle des mariages, au bureau du maire et à la salle du conseil, dont la façade est datée 1874 ; les travaux d'agrandissement s'achèvent au tournant du siècle. Des réparations du crénelage interviennent en 1904 ; en 1909 Albert Ballu reprend sans suite le projet d'une façade monumentale sur la place de la Caille, la municipalité optant finalement pour l'achat progressif des maisons de l'îlot. En 1938 l'architecte Pierre Grizet construit, hors de l'îlot au nord, une annexe destinée aux services d'hygiène ; malgré ces extensions, une partie des services municipaux reste répartie dans divers bâtiments de la ville. L'édifice présente un corps de logis de style Renaissance protégé par un mur d'enceinte de style gothique flamboyant élevé à la fin du XVe siècle, avec tours, chemin de ronde à créneaux, mâchicoulis et gargouilles. La tour beffroi, surélevée par Lisch, a fait l'objet d'une importante restauration en 2002-2003, qui a nécessité la reconstruction de sa charpente et de son campanile. L'intérieur a été profondément remanié au XIXe siècle ; la grande galerie, ornée des armes de La Rochelle et d'Henri IV et des statues des vertus cardinales, date de la période 1595–1606, tandis que le mobilier et les décors d'apparat actuels résultent en grande partie des campagnes de la fin du XIXe siècle, à l'exception du mobilier du cabinet dit de Jean Guiton. Au début du XXIe siècle, la façade et les maçonneries montraient des altérations liées au sel, à la pollution, au ruissellement et à des interventions antérieures ; des campagnes de restauration ont été menées par tranches pour désalage, nettoyage, resculpture à l'identique et remplacement des parties détériorées. Un incendie d'origine électrique, le 28 juin 2013, ravage les toitures et charpentes de la partie historique ; la charpente du corps principal s'effondre au-dessus de la grande salle, les combles et toitures sont largement détruits et les dégâts par eau et suie affectent œuvres et archives, dont certaines sont sauvées et d'autres confiées à des ateliers de restauration. Les travaux de reconstruction, conduits sous la direction de l'architecte en chef des monuments historiques Philippe Villeneuve, ont permis la restauration prolongée du monument, un réaménagement intérieur pour l'accessibilité et le déplacement de la salle du conseil dans les combles ; la partie historique a rouvert fin 2019. Aujourd'hui l'hôtel de ville conserve ses fonctions municipales tout en affichant la superposition des phases médiévales, renaissantes et du XIXe siècle qui font sa valeur patrimoniale.
