Période
3e quart XVIe siècle, 4e quart XVIIIe siècle, 2e quart XIXe siècle, 1er quart XXe siècle
Patrimoine classé
Hôtel de Ville, sauf parties classées : inscription par arrêté du 18 juin 1929 ; Façades et toitures du bâtiment principal ; salle du conseil du premier étage, y compris les lambris, les peintures murales et l'armoire forte ; passage sur la rue des Archives ; dans le bâtiment annexe des archives, les deux salles à baies tiercées du premier étage, ainsi que l'armoire forte et la porte aux armes de la ville datée de 1515 (cad. 101 15, 16, 33) : classement par arrêté du 21 juillet 1961
Origine et histoire de l'Hôtel de ville
L'ancien hôtel de ville de Mulhouse, dit Rothüss en alsacien, est un bâtiment de style Renaissance situé au n°2 de la place de la Réunion ; il accueille depuis 1969 le musée historique et conserve la salle du Grand Conseil, encore utilisée pour cérémonies et séances du conseil municipal. Promue ville libre d'Empire en 1308, Mulhouse rejoignit la Décapole en 1354 et forma des alliances avec les treize cantons suisses en 1515, ce qui explique l'importance politique de l'édifice. Un second bâtiment, construit à l'arrière en 1510, abritait la cave dîmière, les archives et les bureaux du greffier syndic. Le premier hôtel de ville fut détruit par un incendie en 1551 et reconstruit sur ses fondations en 1552 sous la direction du tailleur de pierre bâlois Michel Lynthumer. Les pignons à volutes et l'escalier d'honneur couvert à double volée, orné d'un clocheton, témoignent du style de la Renaissance rhénane ; Christophe Bock peignit alors la façade en rouge et or. Montaigne, de passage en 1580, décrit l'édifice comme un "palais magnifique et tout dor". À l'arrière, une galerie de liaison fut construite en 1637 et surélevée en 1778, période durant laquelle un second étage fut ajouté et les décors retouchés par Théodore-André Genderich. En 1698, Jean Gabriel réalisa des décors en trompe-l'œil inspirés de gravures d'allégories. Plusieurs campagnes de restauration ont suivi au XIXe et au XXe siècle : Lachaise et Holfeld en 1846, Ferdinand Wagner en 1903, puis une restauration en 1988 visant à retrouver les teintes d'origine. La cérémonie de la réunion de la République de Mulhouse à la France fut présidée depuis le perron de l'escalier couvert à double volée le 15 mars 1798. Au XIXe siècle, des transformations intérieures furent réalisées, notamment l'escalier reliant le premier et le deuxième étage. Conservant la salle du conseil, les services municipaux quittèrent le bâtiment en 1958. Le rez-de-chaussée abrite la salle de la Décapole ; son accès se fait par une porte située sous l'escalier, aujourd'hui entrée du musée historique. L'escalier donne sur un vestibule au plafond peint de rinceaux et de figures d'empereurs romains ; on y trouve un buffet-dressoir, un lavabo en marqueterie du XVIe siècle et des portraits d'anciens bourgmestres. À gauche du vestibule s'ouvre la salle du Grand Conseil, où siégeaient autrefois les conseillers et les bourgmestres et où siège encore le conseil municipal ; la salle a conservé son plafond à caissons, ses fenêtres à meneaux, ses colonnes sculptées, ses vitraux, ses décors peints représentant les armoiries des cantons suisses et les blasons des bourgmestres, ainsi qu'un coffre-fort encadré de pierre. Le deuxième étage offre une salle au plafond peint de rinceaux qui abrite les collections permanentes du musée historique. Le dernier étage, aménagé sous les combles et anciennement appelé Grenier d'Abondance, accueille les expositions temporaires. Sur la façade droite se trouve une reproduction du Klapperstein ; l'original pèse 12 kg et est conservé au musée. Cette "pierre des bavards" était autrefois utilisée pour punir les personnes médisantes qui devaient traverser la ville avec la pierre pendue au cou en chevauchant un âne ; ce supplice a été pratiqué jusqu'à la réunion à la France, en remplacement symbolique de peines plus sévères naguère appliquées, comme la lapidation ou le pilori. Les décors extérieurs en trompe-l'œil illustrent les vertus prônées par la religion réformée — Justice, Courage, Tempérance, Foi et Charité — ainsi que les armoiries des cantons suisses, et s'inspirent d'une référence culturelle à la Rome antique. L'édifice est inscrit à l'inventaire des monuments historiques depuis le 18 juin 1929 et classé depuis le 21 juillet 1961.
