Origine et histoire de l'Hôtel de ville
L’hôtel de ville de Noyon, situé au cœur de la ville dans l’Oise, abrite les services administratifs et politiques municipaux. La première mention d’une maison de ville à cet emplacement remonte à 1292 ; le beffroi primitif fut détruit lors de l’incendie de 1293 puis reconstruit d’abord en matériaux légers vers 1310, puis en pierre en 1328. La commune décida une nouvelle reconstruction en 1480 et confia les travaux à l’architecte Matthieu Réaulme, qui dirigea le chantier de 1485 à 1520. Partiellement incendié en 1552, le corps de logis fut restauré tandis que le beffroi ne fut pas reconstruit. En 1689, Pierre Binard transforma sensiblement l’édifice en lui donnant un aspect classique. L’édifice a fait l’objet d’une protection au titre des monuments historiques, les dates mentionnées dans les sources étant 1862 et 1875 ; son classement fut annulé en 1935 après les destructions quasi totales subies en 1918, malgré des restaurations engagées dès 1919 et des réaménagements intérieurs dans les années 1930. Au xixe siècle, l’architecte Selmershiem proposa une restauration visant à restituer un aspect médiéval, projet finalement abandonné pour raisons financières. En 1935 la démolition, par la commune, de deux maisons mitoyennes des xviie et xviiie siècles entraîna le déclassement ; le bâtiment fut de nouveau protégé par une inscription en 1998 puis classé en 2004. Après la Première Guerre mondiale, le corps de bâtiments du xvie siècle fut restauré et sa charpente remplacée par une structure en béton ; un bâtiment neuf fut construit pour accueillir certains services administratifs. Le corps de logis conserve un style gothique flamboyant, tandis qu’un avant-corps en saillie sur la façade nord présente un décor néoclassique. La façade occidentale est ornée d’un bandeau sculpté représentant une riche iconographie végétale et animale — faisans, lapins, chiens, sangliers, grappes de raisin, choux frisés — ainsi que des figures fantastiques comme sirènes, diables et dragons. Au premier étage, neuf niches désormais vides encadrent sept baies à meneaux surmontées d’une arcature en anse de panier et flanquées de pinacles et d’archivoltes fleuronnées ; les statues ont disparu et le dispositif était autrefois complété par une marquise et une bannière de cuivre aux armes de la ville. La façade orientale, plus sobre, présente au centre une grande arcade à archivolte en tiers point creusant la maçonnerie et percée de trois fenêtres ; dans l’angle nord-est s’élève une tourelle d’escalier octogonale à cinq niveaux, appelée la « belle montée ». Les étages sont séparés par une corniche ornée d’une frise de chardon ; la porte cochère et plusieurs éléments du premier étage — entablement, balustrades, lucarnes, oculi, pots-à-feu et le campanile — relèvent de l’époque classique, et les symboles de la monarchie furent mutilés pendant la Révolution. À l’intérieur, la salle du conseil municipal abrite sept toiles marouflées exécutées en 1942-1943 par Largeteau, Gaston Hoffmann et Beaupuy, qui représentent les grandes heures de l’histoire de la cité. Dans l’extension moderne figurent quatre bas-reliefs d’Émile Pinchon, provenant de l’Exposition Coloniale de 1931, une toile de Guyenot intitulée Les Travaux des Champs (1944) et une peinture de Joseph Porphyre Pinchon représentant la remise de la croix de guerre à la ville de Noyon en 1919. Au pied de l’escalier est exposée une statue de Jacques Sarazin, sculpteur né à Noyon, et le salon d’honneur conserve l’Évangéliaire de Morienval, précieux manuscrit carolingien. L’état de la partie xvie siècle reste relativement mauvais : le décor sculpté flamboyant de la façade sur la place est aujourd’hui très altéré.