Origine et histoire de l'Hôtel de ville
L'hôtel de ville de Roubaix, situé sur la Grand-Place en face de l'église Saint-Martin et desservi par la station de métro Roubaix - Grand-Place, a été construit entre 1907 et 1911 par Victor Laloux, auteur notamment de la gare d'Orsay à Paris. Il succède au quatrième emplacement d'une série d'hôtels de ville; le bâtiment précédent, élevé en 1845 par Achille-Joseph Dewarlez, avait servi une cité alors en forte croissance. À la veille du XXe siècle la population roubaisienne atteignait environ 120 000 habitants, ce qui poussa le conseil municipal sous la mairie d'Eugène Motte à décider la construction d'un édifice à la mesure de la ville industrielle. Le projet initial fut conçu par l'architecte Ernest Thibeau dont l'aile gauche, construite pour la Chambre de Commerce, fut inaugurée en 1907, puis Victor Laloux prit la suite pour achever le pavillon central et l'ensemble fut inauguré en 1911 lors de l'exposition internationale du Nord de la France. En octobre 1914 l'hôtel de ville devint le siège de la Kommandantur lorsque la ville fut occupée par le 165e Régiment d'Infanterie Bavaroise. Inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1998, l'édifice a vu sa façade et sa toiture entièrement restaurées entre 2011 et 2013.
L'ensemble monumental, dominé par un campanile, comprend un vaste corps central flanqué, à gauche, de la Chambre de Commerce réalisée par Thibeau et, à droite, des Services Municipaux; il occupe plus de 6 000 m2 et sa façade s'étire sur plus de cent mètres. Des frises et des hauts-reliefs célèbrent le travail, le commerce et les industries textiles qui firent la fortune de Roubaix, alors surnommée capitale mondiale de la laine. La façade du pavillon central est ornée de six scènes sculptées, dont les personnages mesurent environ 2,40 mètres : la récolte du coton et la tonte de la laine, le lavage, le peignage et le cardage, la filature, le tissage, la teinture et les apprêts, enfin le conditionnement. Au centre, deux statues allégoriques de 4,80 mètres représentant l'Abondance à droite et la Paix à gauche encadrent le blason de la ville, qui comporte des bobines, un peigne et une navette, des tours évoquant les « châteaux » de l'industrie et, sous le blason, une tête de bélier symbolisant le travail de la laine; les volutes du fronton portent les figures de la Modération et de la Vigilance. Le fronton du pavillon gauche met en scène Mercure accompagné de l'industrie, figurée par une femme appuyée sur une pile de dossiers, et du commerce, représenté par une femme tenant une corne d'abondance. Le fronton du pavillon droit présente un vieillard assis près d'un bélier et une femme assise près d'une jarre qui encadrent une ruche, surmontée de la devise latine Pax Labor. Plusieurs sculpteurs participèrent à la décoration : André Laoust pour les armoiries, Hippolyte Lefèbvre pour les statues de la Paix et de l'Abondance, Edgar Boutry pour les personnages assis incarnant la Vigilance et la Modération, Alphonse-Amédée Cordonnier pour les scènes de la récolte du coton, de la tonte, du lavage, du peignage et de la filature, et Léon Fagel pour les hauts-reliefs du tissage, de la teinture et du conditionnement.
L'entrée principale ouvre sur un hall d'honneur dominé par un escalier monumental à double révolution surmonté d'une verrière en coupole. Plusieurs salles richement décorées sont inscrites à l'inventaire : au rez-de-chaussée la salle Pierre de Roubaix abrite une fresque sur toile marouflée à la détrempe, La Charte des Drapiers, peinte par Jean-Joseph Weerts en 1914 et évoquant la proclamation de 1469 accordant des franchises aux drapiers, scène représentée de manière anachronique dans un décor de ville du XVIe siècle, le peintre figurant au premier plan à côté d'Eugène Motte, commanditaire de l'édifice. Au premier étage se trouvent le salon d'honneur, la salle des mariages dont le plafond peint par François Schommer célèbre le mariage civil, ainsi que la salle des conférences, la salle du conseil et la salle des commissions.
