Origine et histoire de l'Hôtel de ville
L’hôtel de ville de Rouen occupe depuis 1800 l’ancien dortoir de l’abbaye Saint-Ouen, désaffectée en novembre 1790, et aménagé pour accueillir l’administration municipale. Avant cette installation, la mairie siégeait en divers lieux de la ville, ses transferts répondant à l’accroissement des besoins administratifs. Dès l’origine communale on suppose que l’autorité municipale s’établit dans la Halle aux Marchands, attestée à partir de 1191-1192 au sud‑ouest de l’église Saint‑Éloi. À partir de 1220, l’hôtel de ville s’installe près de la rue du Gros‑Horloge, sur un fief de la famille de Leicester, et un beffroi y est édifié entre 1220 et 1251, témoin de la puissance communale ; il abritait notamment deux cloches, la Cache‑Ribaud (1 900 kg) et la Rouvel (1 200 kg). En 1352, la commune acquiert des terrains au nord de la rue du Gros‑Horloge, liés à la famille Du Chastel, et c’est à cet emplacement que sera plus tard construit le bâtiment de Jacques Gabriel ; jusqu’à la Révolution, l’hôtel de ville repose dans le manoir des Du Chastel. Après la révolte de la Harelle de 1382, le beffroi est rasé et l’année suivante la ville entreprend la construction d’une horloge ; une tour est édifiée entre 1389 et 1398 par Jehan de Bayeux pour abriter le mécanisme, les cadrans étant installés dès 1410 puis intégrés, après démolition de la porte Massacre, dans un pavillon achevé en 1529. Jugé trop petit et menaçant ruine en 1606, l’édifice gothique est reconstruit à partir de juin 1607 par Jacques I Gabriel dans un style florentin en pierre à bossage, avec un rez‑de‑chaussée formé d’arcades occupées par des boutiques ; il est étendu en 1738 et, malgré ces aménagements, redevient insuffisant au XVIIIe siècle. Vendu en 1796, l’ancien hôtel de ville voit ses façades inscrites au titre des monuments historiques le 15 avril 1966 et la façade sur la rue du Gros‑Horloge faire l’objet d’une restauration en 1982. Pour résoudre le problème de place, un projet signé Antoine Mathieu Le Carpentier est lancé à l’ouest de la ville, devant la place du Vieux‑Marché ; les travaux, commencés en 1758, sont interrompus en 1765 et seules des fondations subsistent rue Thomas‑Corneille ; la maquette en chêne réalisée par Drouin en 1758 est exposée au musée des beaux‑arts. L’hôtel de la Première Présidence, construit de 1717 à 1721 par l’architecte Martinet, abrite les bureaux de la mairie de janvier 1791 à mai 1800 ; il est détruit le 25 août 1944, et il subsiste aujourd’hui le portail rue Saint‑Lô qui donne accès à la terrasse de l’espace du Palais. Installé dans l’ancienne abbaye Saint‑Ouen le 30 mai 1800, l’hôtel de ville est ensuite transformé en 1825 par l’architecte départemental Charles‑Félix Maillet du Boullay pour mieux remplir sa fonction : l’édifice se compose de deux étages, de deux ailes et d’un péristyle central formant au rez‑de‑chaussée le vestibule d’honneur, surmonté d’une loge à colonnade et couronné d’un fronton où est apposée une horloge, la façade côté jardin restant inchangée. Pendant plusieurs années, le deuxième étage a abrité le muséum et la bibliothèque avant leur transfert ultérieur. L’édifice est partiellement incendié dans la nuit du 30 au 31 décembre 1926, entraînant la perte des archives de 1800 à 1926 ; la salle des mariages et la salle du conseil municipal sont épargnées et de nombreux tableaux et statues, dont celle de Louis XV, sont sauvés ; l’architecte Edmond Lair procède à la reconstruction en 1928. Durant la Seconde Guerre mondiale, la Feldkommandantur 517 occupe l’hôtel et les bombardements endommagent le bâtiment : l’escalier sud est détruit par une bombe le 19 avril 1944, mais les Rouennais hisseront le drapeau tricolore au fronton le jour de la Libération. Face aux besoins de la ville, le conseil municipal décide le 3 octobre 1960 des travaux fondés sur un projet de l’architecte d’intérieur Maxime Old, qui assure la maîtrise d’œuvre et fait appel à Jean‑Pierre Demarchi pour les médaillons de la salle du conseil et à Raoul Ubac pour les tapisseries de la galerie. La façade sur le jardin et la couverture bénéficient d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le 18 février 1948. La façade et l’intérieur de l’hôtel de ville apparaissent dans le film Adieu poulet de Pierre Granier‑Deferre (1975). Parmi les éléments visibles ou conservés figurent l’ancien hôtel de ville rue du Gros‑Horloge, la maquette de Le Carpentier réalisée par Drouin exposée au musée des Beaux‑Arts, le portail de l’hôtel de la Première Présidence, la proximité entre l’hôtel de ville et l’abbatiale Saint‑Ouen, la salle du conseil conçue par Maxime Old, la vue depuis les jardins, la plaque commémorative de la reconstruction, les statues de Corneille et de Jeanne d’Arc au bas du grand escalier, la statue intitulée Louis XV le Bien‑Aimé sur le premier palier et une plaque commémorative en marbre en hommage au concert de Frédéric Chopin à Rouen, inaugurée le 20 septembre 2024.