Origine et histoire de l'Hôtel de ville
L'hôtel de ville de Saint-Quentin (Aisne) est un édifice civil du Bas Moyen Âge, dont la construction s'étend de 1331 à 1509 ; il serait l'œuvre de l'architecte valenciennois Colard Noël, déjà intervenu sur la basilique voisine. Symbole des libertés communales, son architecture gothique flamboyant présente une influence flamande. Remanié au troisième quart du XIXe siècle, le bâtiment a été très largement restauré en 1926 dans un style Art déco par l'architecte Louis Guindez. L'ensemble est classé au titre des monuments historiques par arrêté du 29 août 1984.
La façade principale s'élève sur trois niveaux ; au rez-de-chaussée un portique précède l'entrée, le premier étage comprend une galerie éclairée par neuf fenêtres à meneau et surmontée d'une balustrade ajoutée au début du XXe siècle, tandis que le troisième étage est formé de trois pignons triangulaires ornés chacun d'un oculus. Des écussons figurant les armes des familles de Moÿ, de La Fons, de la ville de Saint-Quentin, du Vermandois, de la famille d'Y et de la famille Dorigny encadrent la composition, qui est parée d'un décor végétal de feuilles de chêne, de vigne et de chou frisé. En 1759 fut dressé un campanile octogonal qui abrite un carillon de trente-sept cloches datant de 1924.
La façade arrière a été fortement remaniée ; on attribue à Viollet-le-Duc la grande baie vitrée qui éclaire l'ancienne chapelle, et une tourelle néogothique réalisée par l'architecte Pinguet date de 1865.
À l'intérieur, l'ancienne salle du conseil municipal, transformée en salle des mariages lors des travaux de réaménagement, conserve une grande cheminée dont le manteau est gothique et le couronnement de style Renaissance. La salle présente un plafond en carène de navire constitué d'une double voûte en bois reposant sur une poutre transversale, la voûte étant doublée de bardeaux peints d'étoiles ; la poutre s'appuie sur deux pierres sculptées représentant le jugement de Pâris et un écusson armorié, et la salle comporte six têtes en bois peint que l'historien Charles Gomart identifie comme le mayeur d'enseigne, le geôlier, le mayeur, l'argentier, l'architecte et le fou. Des peintures de Gabriel Girodon décorent la pièce et une porte à deux vantaux de style Louis XIV, offerte en 1719 par le négociant Etienne Fizeaux, ouvre sur l'ancienne chapelle aménagée aujourd'hui en salle d'attente des mariages.
La salle du conseil municipal et le hall voisin ont été réaménagés en 1925 par l'architecte municipal Louis Guindez dans un goût Art déco, Guindez concevant l'ensemble du décor : lambris composés de quarante et un panneaux en palissandre et chêne de Hongrie sculptés de symboles de corps de métiers réalisés par l'ébéniste Émile Boussu, une frise sculptée surmontant l'estrade du maire à la gloire des ouvriers anonymes de la reconstruction et surmontée d'une Marianne signée Alphonse Émile Fivet, la galerie haute et son garde-corps en fer forgé exécuté par la société Daled, Vally & Soriano, le mobilier (tables, chaises, fauteuils) provenant de l'atelier Jeanselme, ainsi que les luminaires en verre et fer forgé. En 1927, Guindez étendit son projet Art déco au bureau du maire, aujourd'hui disparu. Les espaces les plus remarquables du bâtiment restent la salle du conseil, la salle des mariages et le hall d'entrée.