Origine et histoire de l'Hôtel de ville
L'Hôtel de ville de Sarlat se situe sur la place de la Liberté à Sarlat-la-Canéda (Dordogne, Nouvelle-Aquitaine). La ville s'est développée autour de l'abbaye Saint-Sauveur, fondée au début du IXe siècle. Dès 1204, les bourgeois de Sarlat s'opposent à l'abbé pour obtenir des privilèges ; ils choisissent des représentants, les consuls, et instaurent le consulat en 1223. Au XIIIe siècle, la ville atteint environ 5 000 habitants et, en 1263, les consuls s'allient à ceux de Figeac, Périgueux et Brive. Pour disposer d'un lieu de réunion, les consuls achètent plusieurs maisons en 1273. Parallèlement, un conflit oppose abbés et moines depuis 1250 ; l'abbé Arnaud III de Stapon est assassiné lors d'un office en 1273 et l'indécision des moines en 1285 pousse l'évêque de Périgueux à désigner un nouvel abbé. En 1290, l'abbé demande l'appui du roi, et des officiers royaux s'installent en ville. Après un long conflit, le Livre de la paix de 1298 reconnaît le consulat : l'abbé admet leur droit de légiférer, de se réunir dans une maison commune, d'administrer et de défendre la ville, et partage avec eux la justice et les impositions. Cette charte est ratifiée par le roi Philippe IV en 1299 et reste en vigueur jusqu'en 1789. La ville est alors administrée par quatre consuls assistés de vingt-quatre jurats, chaque consul représentant un quartier — Lendrevie, la Boucarie, la Mellougane et la Rigaudie. Les consuls obtiennent aussi la direction des travaux publics et font construire l'enceinte en pierre entre la fin du XIIIe siècle et le XIVe siècle ; ils assurent la garde des murs, des portes et des fossés, tandis que des faubourgs se développent à l'extérieur.
L'Hôtel de ville actuel a été reconstruit sur l'emplacement de l'ancienne maison consulaire du XIIIe siècle. L'architecte Henry Bouyssou, originaire du Saintonge, en a établi les plans et dirigé les travaux entre 1623 et 1625 pour un montant de 45 000 livres, sous la surveillance d'une commission présidée par François de Gérard, seigneur du Barry, conseiller du roi et lieutenant général du Périgord au siège de Sarlat. En 1652, pendant la Fronde des princes, l'édifice est occupé par les officiers de l'armée de Condé qui ont pris la ville. La façade occidentale est modifiée en 1775 : suppression des tourelles d'angle, ajout d'un clocher et d'un lanternon, transformation des arcades et des fenêtres par suppression des meneaux, ajout d'une travée et décoration de grecques en bas-relief. Après la Révolution, en 1790, les services municipaux s'installent dans les bâtiments de l'ancien palais épiscopal et l'édifice est temporairement transformé en bazar au rez-de-chaussée et en club à l'étage. Restauré par l'architecte Queille en 1899, il retrouve sa fonction d'hôtel de ville lors de son inauguration par le député-maire Pierre Sarrazin en 1900. Les façades et les toitures de l'Hôtel de Ville sont classées au titre des monuments historiques depuis le 11 avril 1947. L'édifice, qui donne sur la place de la Liberté, présente notamment un lanternon et des lucarnes sur sa façade occidentale ainsi qu'un portail nord remarquables.