Origine et histoire de l'Hôtel de ville
L’hôtel de ville de Toul, ancien palais épiscopal situé rue de Rigny, a été édifié pour l’évêque Scipion-Jérôme Bégon dans la première moitié du XVIIIe siècle ; il abrite aujourd’hui la mairie. Le bâtiment suit le plan classique d’un palais entre cour et jardin, rythmé par un ordre colossal de pilastres. Le porche s’ouvre sur un portail arrondi d’ordre ionique, surmonté d’un fronton cintré et agrémenté de balustres d’inspiration toscane, et donne accès à une cour intérieure rectangulaire à fond semi-elliptique. La façade du corps principal, de grandes dimensions, est encadrée par deux ailes qui ferment la cour : l’aile gauche accueillait jadis cuisines et boulangerie, l’aile droite des chambres dont l’officialité. À l’arrière, une avancée polygonale coiffée d’un dôme à pans, inspirée de la façade du château de Vaux-le-Vicomte, forme une demi-rotonde qui, aujourd’hui salle des mariages, fut autrefois l’auditorium de l’évêque. La toiture est en ardoise, son faîtage en plomb, et la couverture est percée de douze lucarnes en pierre sculptée. Jusqu’à sa destruction par des incendies survenus les 21 décembre 1939 et 22 juin 1940, l’intérieur était richement décoré, avec boiseries, pièces sculptées et un mobilier important comptant au moins vingt-cinq cheminées. Après ces sinistres, l’édifice a été restauré entre 1972 et 1977 ; sa réhabilitation ultérieure a donné aux espaces intérieurs un aménagement de style contemporain. À la tête d’un vaste diocèse regroupant au XVIIIe siècle quelque 800 paroisses et 200 annexes, les évêques de Toul, responsables spirituels d’une population importante, souhaitaient une résidence représentative de leur rang. Mgr Scipion-Jérôme Bégon fit appel, vers 1735, au frère architecte Nicolas Pierson, prémontré de Rangéval, et au maître d’œuvre Dominique Charpy, entrepreneur adjudicataire de l’évêché ; Charpy, oncle par alliance de Richard Mique, acheva le corps principal en 1743, tandis que les ailes furent terminées après 1754 sous l’épiscopat de Mgr Claude Drouas de Boussey. Lors de la visite du duc de Lorraine Stanislas Leszczynski en 1737 furent édifiées les écuries et les remises, et la première pierre du corps principal fut posée en 1739. Confisqué en 1791 à Mgr Étienne François Xavier des Michels de Champorcin, le palais fut acquis par la ville de Toul avec le concours du sous-préfet Joseph Carez ; il y fut installé l’hôtel de ville, la sous-préfecture et le tribunal, et le 26 janvier 1794 les signes extérieurs de superstition et les armoiries furent effacés. Endommagé en 1870 lors de la guerre franco-prussienne, le bâtiment accueillit en 1872 une partie du musée municipal. L’ancien palais et son jardin ont été classés au titre des monuments historiques en 1930. Après les incendies de 1939 et 1940 qui détruisirent la décoration intérieure et entraînèrent le transfert des services municipaux, l’édifice resta trente-trois ans à l’abandon avant sa restauration puis sa réhabilitation comme hôtel de ville. Les propriétaires successifs sont Mgr Scipion-Jérôme Bégon (commanditaire, 1739-1753), Mgr Claude Drouas de Boussey (1754-1773), Mgr Étienne François Xavier des Michels de Champorcin (1773-1791) et la Ville de Toul depuis 1791.