Origine et histoire
L'hôtel de ville de Lyon, édifice majeur du XVIIe siècle situé au 1 place de la Comédie dans le 1er arrondissement et faisant face à l'Opéra, est classé monument historique depuis le 12 juillet 1886 et accueille aujourd'hui le conseil municipal dix fois par an. Alors que la Presqu'île devient le centre-ville, le Consulat juge l'ancien hôtel de la Couronne trop exigu et vend ce bâtiment pour financer la construction d'un nouvel hôtel de ville. Les plans sont confiés à Simon Maupin en 1646 ; il consulte Jacques Lemercier à Paris et s'appuie sur Girard Desargues, auquel on attribue notamment deux escaliers. La première pierre est posée le 5 septembre 1646 et les travaux, marqués par des difficultés financières et des malfaçons, s'achèvent en 1672 après vingt-six ans de chantier. Thomas Blanchet, arrivé de Rome, est chargé à partir de 1655 des décors intérieurs : il réalise l'escalier d'honneur, le décor de la Grande Salle, le salon de la Conservation et le Salon de la Nomination entre 1661 et 1671. La pierre de construction provient de plusieurs carrières : Villebois, Seyssel, Cleyssy et Saint‑Cyr. Malgré sa splendeur, l'édifice est frappé par un incendie le 13 septembre 1674 qui détruit la Grande Salle et la chapelle et endommage le beffroi, les combles, l'escalier d'honneur, les archives et le Salon Henri IV. Le manque de fonds retarde les réparations ; Thomas Blanchet propose des projets de restauration en 1677, mais les travaux restent insuffisants et ses dessins auraient inspiré des interventions ultérieures de Mansart. Une campagne de restauration est finalement décidée en 1699 et conduite entre 1701 et 1703 selon des projets de Jules Hardouin‑Mansart et de Robert de Cotte pour réparer et moderniser l'édifice. L'hôtel de ville subit d'autres épreuves : bombardements en 1793 pendant la Révolution, un nouvel incendie le 14 juillet 1803 et des restaurations importantes à partir de 1850 sous la direction de Louis Cécile Flacheron, puis Tony Desjardins, ce dernier supervisant la restauration générale de 1854 à 1866 avec la collaboration de sculpteurs tels que Guillaume Bonnet et Joseph‑Hugues Fabisch. L'édifice a également une vie politique intense : pris d'assaut pendant la Commune de Lyon, il voit depuis son balcon la proclamation d'un Comité de salut public, et le 14 septembre 1944 le général de Gaulle y prononce un discours devant la place des Terreaux. L'organisation intérieure présente deux cours successives reliées par une galerie d'entrée et une arcade ; la cour d'honneur abrite un nymphée, une fontaine d'Amphitrite par Charles‑François Bailly et plusieurs statues du XIXe siècle — Neptune, Galatée, Polyphème et une Naïade — réalisées par divers artistes et remplacées au XIXe siècle par des exemplaires en pierre de Tarascon inspirés des originaux. L'escalier d'honneur, décoré par Thomas Blanchet entre 1658 et 1667, est remarquable par une iconographie évoquant le grand incendie de Lugdunum sous Néron, tandis que l'escalier ovale à puits central dit des Archives est attribué à Girard Desargues. Au premier étage, le bureau du maire, situé sur la façade est, est habillé de soieries, boiseries et emblèmes et orné de peintures de Louis Janmot et Joanny Domer ; la salle des anciennes archives, seule salle voûtée du premier étage, possède une cheminée monumentale de Nicolas Lefebvre datant de 1652 et des lustres hollandais. Le Salon de la Conservation porte un plafond peint par Blanchet en 1669 dont le médaillon central représente La chute des Vices, entouré de quatre médaillons consacrés à la Distinction du Bien et du Mal, la Sincérité, la Sagesse et le Génie de Lyon, rappelant la fonction juridictionnelle que tenait alors l'Hôtel de Ville pour les litiges du négoce. Le Salon du Consulat et le Salon Henri‑IV, salles de nomination et d'administration consulaire, témoignent du rôle des consuls ; la Grande Salle des fêtes, desservie par l'escalier d'honneur et longue de vingt‑six mètres sur douze mètres cinquante, a perdu ses décors d'origine lors de l'incendie de 1674 ; son modello de plafond est conservé au Musée des Beaux‑Arts de Lyon et les dessins des décors muraux au Nationalmuseum de Stockholm. Les salons dits « rouges » et la salle des armoiries conservent des éléments illustrant l'histoire du commerce lyonnais, notamment des médaillons sur la production de la soie et des armoiries remplaçant les portraits d'échevins détruits par l'incendie. Le beffroi, doté d'une horloge lunaire, abrite un carillon important : inauguré en 1919 par Édouard Herriot avec vingt‑neuf cloches, il compte depuis l'an 2000 soixante‑cinq cloches ; plusieurs cloches anciennes subsistent et le carillon est l'un des plus notables de France. L'hôtel de ville a inspiré et figuré dans des œuvres visuelles et cinématographiques ; il est accessible par la station de métro Hôtel de Ville - Louis Pradel.