Origine et histoire de l'Hôtel de Vogüé
L'hôtel de Vogüé, hôtel particulier du XVIIe siècle situé 8 rue de la Chouette à Dijon, près du chevet de l'église Notre‑Dame, est classé au titre des monuments historiques depuis le 5 janvier 1911. Il est édifié sur trois maisons acquises successivement : l'une en 1589 par Jean Bouhier, conseiller au parlement, et les deux autres en 1615 et 1617 par son fils Étienne Bouhier de Chevigny, magistrat et conseiller au parlement de Bourgogne de 1607 à 1635 et grand amateur d'art. L'inscription 1614 sur la grande cheminée de la salle des gardes désigne l'aile avant droite comme noyau initial sans fixer la date d'achèvement de l'ensemble. La tradition familiale attribue à Étienne Bouhier la conception de l'hôtel ; son arrière‑petit‑fils évoque un séjour en Italie après des études de droit à Padoue qui aurait éveillé son intérêt pour l'architecture, hypothèse non confirmée par des preuves mais jugée plausible. Le catalogue de sa bibliothèque révèle une connaissance de l'italien et la présence de plusieurs ouvrages venus de Naples et de Sicile, dont quatre traitant d'architecture et de géométrie. Des archives témoignent par ailleurs de son implication dans la construction de l'Hôpital général commencée en 1629 et dans les chantiers des couvents des Ursulines et des Visitandines de 1632 à sa mort en 1635, tout en laissant penser qu'il a bénéficié d'une assistance technique pour les plans. L'hôtel de Vogüé est considéré comme le prototype des hôtels parlementaires dijonnais. En 1766, il passe à la famille de Vogüé par le mariage, le 29 novembre, de Catherine Bouhier de Versalieu avec le comte Cerice‑François Melchior de Vogüé. Propriété actuelle de la ville de Dijon, il abrite le service des ressources humaines municipales. Dans la cour, le plan suit le modèle des nouveaux hôtels entre cour et jardin : corps principal face au portique à l'italienne encadrant l'entrée, et deux ailes en retour formant pavillons autour de la cour. La décoration des façades renvoie au XVIe siècle avec frontons cintrés et triangulaires, mascarons et guirlandes ; les cariatides ont disparu et été remplacées par des ailerons. La toiture se compose d'une mosaïque de tuiles vernissées à la manière bourguignonne. Les arcades du portique sont surmontées d'une riche ornementation, avec des Renommées demi‑couchées dans les écoinçons et un entrelacement de lierre sur les colonnes ; sur leurs socles figure le monogramme E.B.M.G., commémorant le second mariage d'Étienne Bouhier, contracté le 25 avril 1615 avec Madeleine Giroud. Le portail de gauche a été percé en 1717 pour permettre l'entrée des carrosses vers le jardin où des écuries avaient été établies. La façade côté jardin est dépourvue d'ornementation, animée seulement par deux tourelles de plan carré. La salle des gardes, près de l'entrée, comporte une grande cheminée ornée d'une peinture représentant Héro et Léandre, avec des cariatides décorant ses montants. Ce langage architectural, que l'on retrouve aussi à Toulouse, Montpellier et Nîmes, s'inspire notablement de la Renaissance italienne et des traités du XVIe siècle renvoyant aux monuments antiques, et une influence possible des réalisations de l'architecte Hugues Sambin, notamment pour les feuilles de lierre, n'est pas exclue. La documentation accessible comprend des photographies de l'hôtel — entrée, portique, détails décoratifs, plafond, cour et puits — ainsi qu'une plaque d'information trilingue et une bibliographie citée en sources.