Origine et histoire de l'Hôtel des Affaires étrangères et de la Marine
L'Hôtel des Affaires étrangères et de la Marine, situé au 5 rue de l'Indépendance‑Américaine à Versailles, est un édifice construit en 1762 par Jean‑Baptiste Berthier à la demande du duc de Choiseul pour abriter les services et les archives des Affaires étrangères et de la Marine. Contigu à l'hôtel de la Guerre, achevé deux ans plus tôt par le même architecte, il reprend la technique des voûtes plates, à la fois économique et limitant les risques d'incendie. Pour son usage diplomatique, une galerie d'apparat de cinq pièces en enfilade fut aménagée ; Choiseul en choisit la décoration et l'ordonnancement afin d'affirmer le prestige de la France et de sa politique. C'est dans ce bâtiment que fut négocié le traité de Paris de 1783 mettant fin à la guerre d'Indépendance américaine.
En 1800, l'édifice accueillit la bibliothèque de l'école centrale, partagée avec une partie des archives de la Marine, sans que l'une ou l'autre n'assure correctement l'entretien des lieux. En 1834, le ministère des Finances demanda que l'hôtel cesse d'appartenir aux biens de la Couronne et sollicita le transfert des archives de la Marine, qui furent finalement déplacées rue Royale à Paris lors de l'acquisition du bâtiment par la ville de Versailles en 1838, après une période de location. Les locaux libérés furent successivement occupés par la Caisse d'épargne, le mont-de-piété, des sociétés savantes, des archives municipales et un musée local.
À partir de 1870, la bibliothèque connut un problème d'espace lié à l'accroissement important des collections, principalement par des dons ; elle atteignit 200 000 volumes en 1920. Dans les années 1880, le départ de la Caisse d'épargne et du mont-de-piété permit l'extension des salles de lecture et l'installation du musée au quatrième étage. L'hôtel a été classé au titre des monuments historiques le 27 septembre 1929, notamment pour son décor intérieur.
La galerie d'apparat, qui servit à l'installation des archives diplomatiques, s'ouvrait par la salle des Traités ornée d'un grand portrait de Choiseul « rentrant dans Rome », rappelant son expérience d'ambassadeur, et se refermait par la salle des Missions ; au centre se trouvait la salle « France », la plus richement décorée, entourée des salles désignées « Puissances du Midi », « Puissances du Nord », « Puissances d'Italie » et « Puissances d'Allemagne ».
La bibliothèque municipale de Versailles, aujourd'hui installée dans l'édifice, conserve un important fonds ancien, le plus important d'Île‑de‑France hors des bibliothèques parisiennes pour les imprimés antérieurs à 1500, comprenant 280 incunables. Ce fonds provient notamment des saisies révolutionnaires — sur 150 000 volumes saisis à l'époque, 36 000 furent affectés à la bibliothèque de l'école centrale à Versailles — ainsi que de dons, parmi lesquels ceux du bibliophile versaillais Madden et de l'évêché de Versailles après la séparation de l'Église et de l'État.
