Origine et histoire de l'Hôtel des Monnaies
L'Hôtel des Monnaies de Villemagne-l'Argentière est un ancien édifice civil de style gothique, attribué au XIIIe siècle et inscrit au titre des monuments historiques le 17 janvier 1924. Il illustre la prospérité médiévale de Villemagne, siège d'une importante abbaye bénédictine dont les mines d'argent contribuèrent à la richesse locale. Le nom d'« hôtel des Monnaies » évoque un atelier monétaire, mais aucune trace ni source n'atteste cette fonction. Classé, puis signalé en mauvais état dès 1988, le bâtiment a bénéficié d'une consolidation d'urgence en 2001, d'une étude de réhabilitation en 2004, d'une opération de mécénat participatif en 2013 et de travaux de restauration en 2014.
Le plan est essentiellement rectangulaire, long de 18,80 m sur 5,50 m, avec une cour intérieure accolée ; des traces d'arrachement et deux grandes ouvertures arrière indiquent qu'il présentait autrefois un plan en L ou en U. La construction compte deux étages divisés intérieurement par un mur de refend et se compose de quatre travées. Les deux premiers niveaux sont en calcaire fin à appareillage moyen et assises irrégulières, tandis que le deuxième étage, de maçonnerie plus grossière, alourdit les baies géminées ; des pièces de bois conservées dans le mur attestent qu'il comportait à l'origine un parement extérieur en pan de bois, remanié par la suite.
Le rez-de-chaussée, aujourd'hui partiellement enterré, présente de grandes portes en arcs surbaissés alternant avec de petites portes ; chaque petite porte dessert un escalier menant au premier étage. La façade principale est animée de petites arcatures sur piliers et colonnettes, attribuées sans doute au XIIe siècle, et la façade latérale comporte deux arcatures du même type ainsi qu'une porte surmontée d'un linteau orné de médaillons. Le premier étage offre huit baies géminées à arcs en plein cintre retombant sur minces colonnettes supportant des chapiteaux sculptés ; une corniche au niveau du tailloir et une autre au niveau de l'appui parcourent la façade. Le plancher repose sur des arcs diaphragmes qui divisent le rez-de-chaussée en travées et laissent apparaître la disposition commerciale originelle : chaque travée s'ouvrait sur la rue par une large baie de boutique accompagnée d'une porte contiguë menant à l'étage.
Le décor se concentre au premier étage et autour de la porte du rez-de-chaussée : les encadrements des baies, les corniches, les chapiteaux et le linteau sont sculptés. Les deux corniches et l'intrados des baies portent des frises de fleurs à quatre pétales ou en forme de clous et des frises de feuillage. Les chapiteaux offrent un décor végétal, tantôt stylisé, tantôt naturaliste, et deux d'entre eux sont ornés de personnages aux angles. Le linteau du rez-de-chaussée est remarquable par une frise de neuf médaillons montrant aigles, dragons et motifs floraux, les écoinçons étant occupés par fleurons et animaux fabuleux ; sa grande portée est atténuée par deux corbeaux et un arc de décharge dont l'amorce est encore visible. La sculpture en méplat confère à l'ensemble un aspect archaïsant et, si certains motifs semblent s'inspirer d'une bande de tissu, ils ne paraissent pas antérieurs au XIIe siècle ; la datation des chapiteaux place toutefois l'édifice dans la seconde moitié du XIIIe siècle, conformément à l'usage, dans le Midi, d'éléments romans dans des constructions gothiques.
Des sondages réalisés lors d'une étude des décors peints en 2005 ont révélé, au premier étage, des enduits à faux appareil rouge et une frise de fleurs de lys comparable à des décors d'édifices datés de la première moitié du XIIIe siècle. La documentation visuelle associe des images du linteau, des fenêtres et une vue générale avant restauration.
