Origine et histoire de l'Hôtel des Trésoriers de la Bourse
L’hôtel des Trésoriers de la Bourse, ou hôtel de Rodez Bénavent, situé 4 rue des Trésoriers de la Bourse, est le plus vaste hôtel particulier de l’Écusson de Montpellier. L’édifice existait avant le XVIIIe siècle et résulte de la réunion et du remaniement d’anciennes maisons médiévales remembrées. Antoine de Saporta est propriétaire dès 1554. Des rénovations modernes débutent en 1631 pour Daniel de Gallières, suivies de nouveaux travaux en 1652 pour Pierre de Gallières. Vers 1695, Pierre de Sartre conduit une campagne importante qui concerne notamment les bâtiments donnant sur le jardin. Joseph Bonnier de la Mosson acquiert l’immeuble en 1712 et le fait largement remanier, agrandir et embellir par l’architecte Jean Giral ; le corps de bâtiment entre les deux cours aurait été achevé en 1700 et l’escalier d’honneur en 1731. Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, Pierre de Sartre, receveur général des deniers de la Bourse du Languedoc, ouvre une longue série de propriétaires qui, jusqu’à la Révolution, transmettent la charge de trésorier avec l’hôtel. Les Bonnier de la Mosson, père et fils, sont parmi les occupants les plus célèbres et organisent des fêtes dans le grand jardin intérieur. Au XIXe siècle, la famille Rodez Bénavent laisse son nom secondaire à la demeure. Les sources divergent quant à la datation précise des travaux : certains attribuent l’essentiel des transformations à la seconde moitié du XVIIe siècle, d’autres les situent au XVIIIe siècle.
L’entrée se compose d’un portail de style Louis XIV, considéré comme le plus haut de Montpellier, dont la composition maniériste associe un encadrement à refends, des vantaux compartimentés et une imposte richement travaillée. L’accès se fait par une porte en pierre à encadrement avec refends, couronnée d’une corniche ; la clé du chambranle est sculptée en perspective et la porte franchit un porche voûté pour ouvrir sur la cour d’honneur. Un dallage en cailloux roulés borde la cour et le porche et encadre, au centre, un chemin en dalles aboutissant à un emmarchement au fond. Au fond de la cour, une porte à fronton cintré et motif sculpté donne, par une galerie, accès à la seconde cour. À gauche de la cour d’honneur se trouve le grand escalier ; ses balustrades rampantes sont composées d’éléments pris entre les piliers extérieurs et intérieurs, qui supportent le limon au moyen d’arcs rampants. Des pilastres d’ordre corinthien sont adossés aux piles intérieures, leurs chapiteaux ne supportant rien, contribuant à la silhouette sculptée de l’escalier. L’ensemble présente une riche combinaison d’éléments décoratifs et architecturaux témoignant des diverses campagnes de travaux qui ont façonné l’hôtel.