Origine et histoire de l'Hôtel Desmazières
L’hôtel Desmazières est un hôtel particulier situé 3, place de l’Église à Beaulieu-sur-Layon, dans le département de Maine-et-Loire. Il est considéré comme l’un des hôtels particuliers les plus réussis du XVIIIe siècle en Anjou (1779). Le bâtiment comprend un corps principal flanqué de deux ailes de communs, à l’est et à l’ouest, qui ferment une cour d’honneur accessible depuis la rue. À l’arrière du corps principal s’étend un parc profond d’environ un hectare ; une cour de service se situe sur le côté est. Le millésime 1667 gravé au fronton d’un pavillon des communs ouest montre qu’un logis existait déjà à cet emplacement au cours de la seconde moitié du XVIIe siècle. L’association des façades du XVIIIe siècle et des communs du XVIIe siècle forme un ensemble remarquable par son charme et son architecture. Parmi les éléments intérieurs remarquables figurent une cuisine du XVIIe siècle, avec une imposante poutre centrale à arêtes chanfreinées et pied fourchu, ainsi qu’un potager en faïence à quatre fours. Le logis aurait été bâti pour Thomas‑Marie‑Gabriel Desmazières, figure évoquée dans l’historique ; André Sarrazin attribue la construction à Jacques Jarry et suggère une possible influence de l’hôtel d’Ollone à Angers. Sarrazin mentionne également que, vers la même époque, les architectes Jean Benoit, Vincent Barré et Gilles ou Pierre Simier intervenaient au château de Montgeoffroy. Thomas‑Gabriel Desmazières (5 novembre 1743 – 27 juillet 1818) fut magistrat conseiller au présidial d’Angers, docteur agrégé à la faculté de droit, recteur de l’université d’Angers, député à l’Assemblée constituante pour le département de Maine‑et‑Loire du 20 mars 1789 au 1er octobre 1803, puis président de la cour royale d’Angers. Il épousa le 25 août 1772 Marguerite Ayrault, dont il eut deux enfants, Mélanie et Thomas‑Louis ; l’hôtel revint par héritage à Mélanie puis passa de mère en fille pendant plusieurs générations. Aucun acte notarié ni expertise détaillée ne semble exister pour cet ensemble, les transmissions ayant été effectuées sous seing privé. Selon la tradition, pendant les guerres de Vendée le bourg de Beaulieu fut en partie incendié par les troupes républicaines de la division Cordellier ; une quarantaine de femmes du bourg furent détenues dans la cour de l’hôtel et échappèrent à une exécution grâce à l’intervention d’un paysan nommé Pellé, mais le village subit pillages et destructions, la grille d’entrée fut détruite et certaines pièces gardent encore des poutres calcinées. L’édifice a été inscrit au titre des monuments historiques en 1968. Il appartient aujourd’hui à Madame et Monsieur Denizeau et est accessible aux visiteurs ; l’accès depuis Angers se fait notamment par l’autoroute A87, sortie 24.