Hôtel-Dieu de Coeffort dans la Sarthe

Hôtel-Dieu de Coeffort

  • 72000 au Mans
Hôtel-Dieu de Coeffort
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Hôtel-Dieu de Coeffort
Hôtel-Dieu de Coeffort
Crédit photo : Le Mans - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune

Période

XIIe siècle, XIIIe siècle

Patrimoine classé

La chapelle de la mission, actuellement église Sainte-Jeanne-d'Arc : classement par arrêté du 20 octobre 1947

Origine et histoire

L’Hôtel-Dieu de Coëffort, ancienne salle des malades devenue chapelle de la Mission puis église Sainte-Jeanne-d’Arc, est un édifice religieux situé au Mans, à la limite du secteur centre et du secteur Sud-Ouest. Connu aussi comme ancien hôpital de Coëffort ou hôpital de Coëffort sous la charge des Lazaristes, il prend définitivement le nom d’église Sainte-Jeanne-d’Arc lors de la création de la paroisse en 1923. Classé aux monuments historiques depuis le 20 octobre 1947, l’édifice est également célèbre pour la découverte du trésor de Coëffort, considéré comme l’un des plus beaux ensembles d’orfèvrerie civile médiévale jamais trouvés en Europe, aujourd’hui conservé au musée archéologique du Mans.

Fondé par Henri II Plantagenêt en expiation du meurtre de Thomas Becket, l’hôtel-Dieu relève de l’architecture Plantagenêt ; son ordonnance date des années 1180–1182 et sa construction s’étend jusqu’à la sentence arbitrale de 1207. Établi à l’origine en pleine campagne, en dehors des remparts, il se situe sur une route de pèlerinage et au carrefour utile entre Pontlieue et la Couture. L’hôpital recevait malades, pauvres et pèlerins ; il était dirigé par des frères et sœurs laïcs sous l’autorité de l’évêque et constituait un lieu de pardon et de distribution d’indulgences, puis, avec le temps, d’accueil des enfants trouvés.

Au XIVe siècle, des bourgeois manceaux financent l’agrandissement par des chapelles ; la grande salle des malades est amplifiée au XVIe siècle puis transformée en chapelle en 1649 par saint Vincent de Paul. En 1645, les Lazaristes prennent la charge du bâtiment, y ouvrent un séminaire et assurent l’administration des sacrements et les missions rurales. En 1652, l’hôpital compte 118 malades ; en 1769, les patients des dispensaires des faubourgs sont transférés vers le nouvel hôpital du quartier des halles. Les Lazaristes quittent le lieu en 1791, l’édifice devient bien national, le mobilier est vendu en 1793 et quelques autels sont retrouvés dans les églises de Fay et de Mulsanne. L’église et le séminaire servent alors à enfermer les prêtres réfractaires, tandis que l’armée occupe le site et y aménage notamment une écurie.

Au XXe siècle, après le départ de l’armée en 1951, des travaux de restauration sont engagés ; la première tranche est bénie le 28 octobre de la même année. Lors de fouilles en 1953 on exhume dans un tombeau le trésor de Coëffort, devenu une référence mondiale, puis l’église est inaugurée après travaux le 3 avril 1955. Le séminaire est détruit en 1962 pour l’implantation des lycées Touchard et Washington et la restauration des voûtes s’étend de 1973 à 2005.

L’intérieur de l’édifice, d’une longueur de 50,95 mètres, d’une largeur de 24,34 mètres et d’une hauteur de 12,95 mètres, est composé de sept travées, vingt et une voûtes et 168 voûtaines ; il offre une perspective comparable à celle de l’hôpital Saint-Jean d’Angers et illustre la naissance du gothique dans l’Ouest, dit style Plantagenêt. Les chapiteaux de la nef datent du XIIe siècle et sont au nombre de douze ; des peintures murales du XIIIe siècle subsistent, parmi lesquelles l’Agneau mystique au-dessus de la porte principale et des écoinçons ayant conservé leur polychromie d’origine. Les peintures des bénitiers et des fonts baptismaux sont des copies du XIIIe siècle provenant de l’abbaye de Perseigne, tandis que l’ancien crucifix est une copie d’un calvaire de Cerisiers dont l’original se trouve à Sens. La Vierge de Consolation est une sculpture du XVIIe siècle et la statue de sainte Jeanne d’Arc a été réalisée par Raymond Dubois, sculpteur contemporain de Solesmes ; l’orgue a été remis en place en 1958.

Des tapisseries du XVIIe siècle sont conservées à l’entrée ; l’une représente la présentation du labarum par Constantin, l’autre, datée de 1656, représente Jeanne d’Arc et provient d’Aubusson. Comme vestige de l’occupation militaire, subsistent des crochets de suspension au sommet de la voûte, utilisés autrefois pour accrocher des paquetages. Les vitraux, réalisés par Max Ingrand, représentent dans les baies du chœur, de gauche à droite, saint Vincent de Paul, la Vierge Marie, Henri II rendant grâce à la Vierge à la consécration de l’hôpital, puis Jeanne d’Arc ; au-dessus du portail figurent Jésus, Marie et les armes des Oratoriens, puis se succèdent Notre-Dame de la Consolation, les armes du cardinal Grente, les armes de Pie XII et l’épée de Jeanne d’Arc, et enfin le Christ enseignant en référence aux premiers Lazaristes. Derrière la nef sud se trouve la pierre tombale du père Jean Briand, décédé en 1991, ancien curé et restaurateur du monument.

Le trésor de Coëffort, retrouvé dans un sarcophage lors des travaux de 1953, est un ensemble homogène et rare d’orfèvrerie civile française composé de 31 pièces et de 18 poinçons ; il comprend treize cuillers dont une pliante, seize coupes, un gobelet et une aiguière, et porte des inscriptions précisant son affectation à la confrérie hospitalière. Huit pièces portent la marque c encerclant une croix pattée et le nom de membres éminents de la confrérie, identifiés par des sources manuscrites datées du début du XVe siècle ; les pièces principales sont un gobelet en argent repoussé et un récipient verseur à couvercle, qui conservent les décors dorés et gravés les mieux préservés. Les cuillers se répartissent en deux types : le premier, attribué au XIIIe siècle, comprend huit cuillers au cuilleron concave terminé en pointe et au manche plat aboutissant en gland, avec ornements dorés obtenus au marteau et au ciselet ; le second, considéré comme plus tardif et daté du XIVe siècle, regroupe cinq cuillers au cuilleron arrondi s’allongeant sans coude vers un manche prismatique, terminé par un gland ou une boule. La cuiller pliante possède une charnière ornée d’une tête d’animal dorée servant à bloquer la position ; la plupart des coupes présentent des décors gothiques et une coupe contenait environ 450 ml. Le trésor aurait été enfoui en 1420 pour le protéger des incursions anglaises pendant la guerre de Cent Ans et n’a jamais été retrouvé jusqu’à son exhumation en 1953.

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