Période
XIIe siècle, XVe siècle, XVIe siècle, XVIIe siècle, 4e quart XIXe siècle
Patrimoine classé
Chapelle octogonale : classement par liste de 1840 - Chapelle Saint-Laurent (à l'exclusion des parties classées) : inscription par arrêté du 3 décembre 1930 - Porche d'entrée ; chauffoir ; logis fortifié du Prieur ; façades et toitures, escalier monumental et les trois pièces (grand salon, petit salon et chambre) avec leur décor, des bâtiments édifiés au XVIIe siècle par les Augustins ; grange aux dîmes ; les deux petits pavillons de la terrasse potagère ; décor intérieur peint du XIXe siècle de la chapelle Saint-Laurent ainsi que la façade occidentale et le clocher (cad. AE 507) : classement par arrêté du 5 décembre 1984, modifié par arrêté du 30 octobre 1985 - Façades et toitures des trois ailes du XIXe siècle (cad. AE 507) : inscription par arrêté du 5 décembre 1984
Origine et histoire de l'Hôtel-Dieu
L'Hôtel-Dieu de Montmorillon a été fondé à la fin du XIe siècle ; la chapelle octogonale qui lui est associée est datée du XIIe siècle. Selon certaines sources, la fondation remonterait à la fin du XIe ou au commencement du XIIe siècle et serait due à Robert du Puy, de retour de Terre sainte. L'octogone, chapelle romane cimétériale, est édifié sur un ossuaire et présente une double élévation ; il est classé au titre des monuments historiques par la liste de 1840. Il faisait partie de l'enceinte d'une Maison-Dieu fondée vers 1080-1085. Divers documents évoquent en ce lieu une sacralisation antérieure, dès la Gaule romaine voire plus tôt, mais aucune fouille sérieuse n'a jusqu'à présent permis de confirmer ou d'infirmer ces hypothèses.
La chapelle se distingue par son plan octogonal régulier, aux angles de 45°, qui peut être lu comme une variante de la croix pattée et a souvent été rapproché de la tradition templière. Les constructeurs ont pu s'inspirer de modèles célèbres à plan octogonal — comme le Saint-Sépulcre de Jérusalem ou la chapelle palatine d'Aix-la-Chapelle — ou d'exemples plus proches géographiquement; l'édifice se rattache ainsi à un ensemble d'autres chapelles cimétériales octogonales en France et dans la péninsule ibérique. Le chiffre huit, depuis saint Ambroise, est associé à la Résurrection et à l'idée d'une vie éternelle au-delà du temps hebdomadaire de sept jours ; cette symbolique explique le choix d'un plan octogonal pour certains édifices funéraires et liturgiques, comme les baptistères. Dans l'enceinte de la Maison-Dieu de Montmorillon figurent d'ailleurs deux octogones, le second, plus petit, étant interprété comme un chauffoir.
Le décor de l'octogone repose principalement sur la sculpture, même si la chapelle a sans doute été peinte à plusieurs reprises. L'intérieur présente des culots sculptés ornés de fleurons et de têtes humaines, dont deux tirent la langue ; l'un des culots, plus travaillé, associe une tête grimaçante et un lion. À l'extérieur, des culots signalent les tores de la face sud et marquent les angles du toit de pierre, et la chapelle est pourvue de soixante-neuf modillons figurant monstres, animaux, têtes humaines, fleurons et divers personnages. La façade est animée par quatre groupes de figures disposés sur des piliers : deux représentations de la Luxure, les quatre évangélistes parmi lesquels saint Jean avec sa coupe et Matthieu au front dégarni, une Annonciation, une Visitation et trois saintes.
La couverture de l'Octogone est attestée comme étant ruinée en 1584 ; une restauration a eu lieu entre 1611 et 1639. Un acte de visite des officiers de Montmorillon en date du 21 octobre 1639 mentionne la pose d'une charpente neuve en forme de pyramide, un clocher en dôme couvert d'ardoises et de plomb muni d'une lanterne pour une cloche, le reste de l'édifice étant couvert de tuiles et d'ardoises. Il semble que ce clocher ait été détruit dès 1724. Lors de la rénovation de 1997-1999, la chapelle a été restituée dans l'état qu'elle présentait au XVIIe siècle, le clocher ayant été transformé en un lanternon à la manière d'un campanile.
La charpente et la couverture mobilisent des éléments techniques anciens tels que des arbalétriers, enrayures, entraits, fermes et le lanternon qui la couronne.
