Hötel dit Hôtel du Louvre ou Hôtel de Vignolles dans la Sarthe

Hötel dit Hôtel du Louvre ou Hôtel de Vignolles

  • 72000 au Mans
Crédit photo : Le Mans - Sous licence Creative Commons
Propriété d'une société privée

Patrimoine classé

Les façades et toitures : classement par arrêté du 12 août 1946

Origine et histoire

L’hôtel de Vignolles, dit aussi Hôtel du Louvre, se situe dans le Vieux-Mans, place Saint-Pierre. Construit en 1549 par Jean de Vignolles, il ne fut jamais achevé. De style gothique local et de transition, son architecture privilégie un axe vertical et mêle des traits seigneuriaux du Haut-Maine à des influences proches de l’architecture parisienne et ligérienne. Par son implantation et son plan en U, il renouvelle le parti urbain traditionnel du XVe siècle et manifeste les parentés entre demeures seigneuriales rurales et urbaines. Sa surface au sol est monumentale comparée aux autres hôtels manceaux, qui se développent habituellement en hauteur. Vignolles paraît avoir soigné l’effet produit sur le visiteur, cherchant à introduire un certain parisianisme au Mans et à marquer les esprits, notamment des élites protestantes régionales. Propriété de la ville du Mans depuis 1926, l’hôtel est partiellement classé au titre des monuments historiques depuis 1946 ; des restaurations se poursuivent après la division en deux de 1799 qui a profondément altéré son aspect d’origine.

Le bâtiment occupe un quart d’îlot autrefois dépendant du palais des comtes du Maine, séparé aujourd’hui du palais par une rue ; le terrain comprenait des maisons et des jardins, ainsi que l’atelier monétaire des comtes à l’est, et relevait de la paroisse du Grand Saint-Pierre sur le fief de la seigneurie de la cour de Monnoye, appelée le Louvre. En 1472, cette portion fut donnée à Pierre Couthardy ; plus tard, faute de ressources, Charles d’Anjou céda des parcelles du palais à des particuliers et une partie du site passa en propriété royale. Les édiles manceaux sollicitèrent le soutien de François Ier en 1529 pour remplacer la salle de Bretagne par une chambre de ville, projet retardé par le manque de fonds et finalement réalisé en 1611 au-dessus du présidial.

Jean de Vignolles, conseiller du roi et magistrat de la sénéchaussée du Maine, acquit en juillet 1548 plusieurs maisons proches du palais pour 2 150 livres, fit démolir les constructions existantes et engagea des travaux de longue durée financés en partie par sa charge. Malgré des revenus substantiels, il s’endetta rapidement auprès du clergé. Les matériaux restent modestes : charpentes en chêne et châtaignier, ornementations en tuffeau de qualité moyenne et encadrements en calcaire de Bernay, tandis que l’ardoise d’Anjou de la toiture témoigne d’un soin apporté à certains éléments. L’hôtel se composait d’environ quinze pièces, dont onze à l’étage pour les appartements privés, et comprenait quatre appartements réservés ; au XVIIe siècle il comptait onze cheminées, indice d’un certain confort. En 1562, le présidial ordonna l’érection d’une croix portant la sentence condamnant Vignolles et son épouse à l’exil, et la même année des pillages signalèrent la présence de tuffeau de Saumur dans une dépendance de l’hôtel.

Le plan en U, rare pour une demeure urbaine, associe un corps de logis central plus large et plus long que la partie nord, flanqué à l’ouest de deux pavillons en retour : le corps de logis n’a qu’un étage tandis que les pavillons en possèdent deux, mais ses pièces sont plus hautes, établissant un équilibre entre largeur et hauteur. Les pièces privées se placent en fond de cour, en retrait des pavillons ; deux cours ouvertes à l’est et à l’ouest traduisent la fortune du propriétaire, l’une d’elles donnant sur la rue de l’Écrevisse et étant initialement fermée par un mur-écran encore visible sur les pavillons sud et ouest. Le portail ouest, blasonné aux armes du propriétaire et composé de plusieurs vantaux, ouvrait sur la rue ; la configuration urbaine, avec voies étroites, accentue le caractère massif de l’ensemble et le pavillon sud se distingue par une haute toiture d’ardoise. Au XVIIe siècle, l’ouverture du mur-écran et l’évolution des usages transformèrent l’îlot : le corps de bâtiment sur rue et les pavillons furent considérés comme de simples maisons et finirent par accueillir des boutiques ; en 1793, la destruction de la chapelle collégiale du Gué de Maulny et des prisons du palais modifia la configuration du quartier et l’accès à l’hôtel. À l’origine, la cour est constituait l’entrée principale et devait être bordée de galeries d’arcades et d’une galerie close superposée à un portique, mais la porte donnant sur l’escalier devint l’entrée principale, la cour fut reléguée au service et les aménagements projetés ne furent réalisés qu’en partie.

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