Origine et histoire de l'Hôtel du Bouchage
L'hôtel du Bouchage était un hôtel particulier situé près du palais du Louvre, originellement désigné comme hôtel Le Coq et donnant son nom à la rue du Coq, rebaptisée rue de Marengo en 1854. En 1582 il appartient à Henriette-Catherine de Joyeuse, fille du maréchal Henri de Joyeuse, comte du Bouchage, d'où son nom. Il aurait sans doute été la résidence d'Imbert de Batarnay. Gabrielle d'Estrées, maîtresse d'Henri IV, y séjourna; le 28 décembre 1594 le roi y échappa à une tentative d'assassinat perpétrée par Jean Chastel. Après cet attentat, le Parlement de Paris décida d'expulser les Jésuites, décision qui favorisa le développement des œuvres éducatives des Pères de l'Oratoire. Le 20 janvier 1616 le père Pierre de Bérulle acquit l'hôtel pour près de cent mille livres et y fit aménager une chapelle, consacrée en mai 1616. En 1621 fut posée la première pierre de l'église de l'Oratoire du Louvre; le couvent devint le siège de la Société de l'Oratoire de Jésus et de Marie, comprenant logements, bureaux, infirmerie et écurie. Le 11 juillet 1772 on posa la première pierre d'une aile faisant face au palais du Louvre; selon les plans de l'architecte du roi M. Breberion s'éleva un bâtiment de trois étages à onze fenêtres, le dernier abritant une bibliothèque riche en manuscrits orientaux étudiés notamment par Richard Simon. Expropriés pendant la Révolution, les lieux furent affectés à diverses sociétés savantes comme l'Académie nationale de médecine et devinrent le siège d'une section révolutionnaire, appelée ensuite Section des Gardes-Françaises. En 1800 la Banque de France s'installa dans les bâtiments, puis, après sa fusion avec la Caisse des comptes courants, quitta définitivement le site pour l'hôtel de Massiac voisin de la place des Victoires. La Caisse d'amortissement, future Caisse des dépôts et consignations, occupa alors les lieux jusqu'en 1854. En 1811 Napoléon Ier confia l'église au Consistoire réformé de Paris en dédommagement de la destruction de Saint-Louis-du-Louvre; elle devint le temple protestant de l'Oratoire du Louvre. Le percement de la rue de Rivoli entraîna en 1854 la destruction de l'hôtel du Bouchage; le terrain accueillit par la suite une annexe des Grands Magasins du Louvre.