Origine et histoire de l'Hôtel du Breuil-de-Saint-Germain
La Maison des Lumières Denis Diderot est un musée de France installé dans l'hôtel du Breuil de Saint-Germain à Langres, consacré au Siècle des Lumières et à la vie et à l'œuvre de Denis Diderot.
Il a été inauguré le 5 octobre 2013, jour du tricentenaire de l'écrivain.
Sébastien Valtier de Choiseul fit construire l'hôtel particulier en 1576 sur le terrain qu'il venait d'acquérir.
Le domaine passa à la famille Du Breuil de Saint-Germain en 1820 et les façades et toitures furent classées au titre des monuments historiques en 1921.
En 1923, madame du Breuil de Saint-Germain légua l'immeuble à la Société historique et archéologique de Langres à condition d'y établir un musée.
N'étant plus en mesure d'assurer l'entretien, la Société transmit le bâtiment à la Ville de Langres, qui entreprit de 2009 à 2013 une importante campagne de restauration cofinancée notamment par la DRAC, la Ville et le mécénat pour un montant total de 1 320 500 euros.
Lors des travaux furent découverts un trésor numismatique d'environ 2 000 pièces, dont 41 kg d'argent et 1,5 kg d'or, ainsi que des peintures sur poutres datées de la Renaissance.
Le musée occupe quatre étages et 400 m2 d'exposition, présente 250 objets répartis en dix salles et dispose d'une librairie consacrée aux Lumières et à Diderot.
Quatre thèmes principaux y sont développés : l'histoire du bâtiment, la jeunesse de Diderot à Langres, son installation et sa vie à Paris, et son œuvre, en particulier l'Encyclopédie.
La première salle retrace les transformations de l'hôtel du Breuil de la fin de la Renaissance au XIXe siècle et rappelle que Diderot et sa famille n'ont pas vécu dans cet hôtel ; né à Langres le 5 octobre 1713 d'un père coutelier et d'une mère issue d'une famille de marchands tanneurs, Diderot a grandi dans une maison bordant la place qui porte aujourd'hui son nom.
Une salle évoque la jeunesse de Diderot à Langres, ses études classiques au collège des Jésuites puis son départ pour Paris en 1728, ses cinq retours dans sa ville natale et sa déclaration « Pour moi, je suis de mon pays ».
Une autre présente la coutellerie locale et rend hommage au père de Diderot, métier illustré dans l'Encyclopédie, tandis que des sculptures montrent la réception et la diffusion de l'œuvre de l'écrivain.
Une salle aborde le contexte mondial des Lumières, l'exploration des continents et la rencontre avec des cultures différentes qui poussa les philosophes à remettre en cause les modèles moraux et religieux occidentaux.
Paris et la place qu'y tenaient les arts, les sciences et les lettres sous Louis XV sont traitées dans une salle consacrée à Diderot parisien et à sa participation aux débats publics pour la liberté de pensée, l'émancipation des tutelles et le progrès par l'expérimentation.
Le voyage de Diderot en Russie en 1773-1774 est replacé dans le contexte d'une modernisation des réseaux de transport et de poste qui favorisa la circulation des lettres et des idées, tandis que journaux et correspondances diffusèrent largement les nouvelles conceptions.
Une salle est consacrée aux activités de Diderot dans les arts — critique d'art, théâtre et musique — illustrées par ses écrits, pièces et collaborations.
Les deux salles suivantes abordent l'Encyclopédie : l'une en présente le projet, les risques encourus, ses détracteurs et son ambition de changer la « façon commune de penser », l'autre décrit sa conception typographique, ses planches, son impression et sa reliure, la succession des métiers mobilisés et les étapes de fabrication.
L'édition, achevée en 1780 après vingt-neuf années de fabrication et composée de trente-cinq volumes, mobilisa plus de mille ouvriers et constitue la plus importante entreprise éditoriale du XVIIIe siècle.
L'Encyclopédie est présentée comme la plus vaste somme de connaissances du siècle, mêlant textes originaux, emprunts et erreurs, mais demeurant une référence novatrice par son projet pédagogique et le rôle central de l'illustration.
La réhabilitation intérieure des bâtiments des XVIe et XVIIIe siècles et la construction des extensions ont été réalisées par l'agence Basalt Architecture, la muséographie par l'atelier Akiko et le jardin conçu par l'architecte paysagiste Louis Benech.