Période
XVIIe siècle, XVIIIe siècle
Patrimoine classé
Les façades et les toitures de l'ensemble des bâtiments, y compris le portail d'entrée ; l'escalier avec sa rampe en fer forgé, le salon central du rez-de-chaussée, le salon central du 1er étage (cad. AA 567) : classement par arrêté du 27 mai 1963 ; En totalité, à l'exception des parties classées, l'hôtel Dufraisse du Cheix et l'hôtel Desaix, abritant le musée Mandet, avec les ailes des communs, la cour et le jardin avec sa fontaine, et son mur de clôture, situés 14 rue de l'Hôtel-de-ville et 2 rue Chabrol, sur les parcelles n°102 et 114, figurant au cadastre section BZ : inscription par arrêté du 19 novembre 2020
Origine et histoire de l'Hôtel du Fraisse du Cheix
L'Hôtel du Fraisse du Cheix, aussi appelé hôtel Dufraisse ou hôtel de Chabrol, est un hôtel particulier situé au 14 rue de l'Hôtel-de-Ville, dans le quartier du Poux à Riom. Il abrite les collections de peinture et de sculpture du musée Mandet depuis 1866. La demeure présente des origines aux XVIIe et XVIIIe siècles : une construction a été commencée en 1640 par du Fraisse du Cheix et des travaux ont été engagés à partir de 1707 pour Annet Dufraisse. L'ensemble s'organise autour d'une cour d'honneur entourée de communs. La famille Dufraisse, originaire du Crest, s'est implantée à Clermont et à Riom au début du XVIIe siècle. La branche clermontoise a occupé des fonctions de conseillers et d'avocats à la Cour des Aides sur plusieurs générations, ce qui lui a conféré la noblesse, et un de ses membres a été convoqué aux États généraux de 1789. La branche riomoise compte parmi ses membres Martin Dufraisse, avocat puis receveur et conseiller au présidial de Riom, et son fils Annet (1672-1709), pour lequel l'hôtel a été édifié à partir de 1707. Amable-François, seigneur du Cheix (1709-1785), fut procureur du roi au présidial de Riom ; son fils Amable Gilbert Dufraisse du Cheix (1756-1807) occupa également des charges judiciaires et politiques et se distingua comme député ultra-royaliste aux États généraux. Pendant l'émigration de ce dernier, l'hôtel fut séquestré et converti en maison de réclusion pour suspects ; il ne fut pas vendu comme bien national et put finalement être restitué à son propriétaire. Après son décès sans descendance en 1807, l'hôtel passa en 1808 à Constantin Tailhardat de la Maisonneuve, puis fut vendu en 1817 à Gaspard de Chabrol ; la ville de Riom en fit l'acquisition lors de la vente des biens de la succession en 1865. Entre cour et jardin, l'édifice reprend la disposition tripartite des hôtels particuliers parisiens — corps de passage, ailes et corps de logis — préconisée par l'architecte Augustin-Charles d'Aviler. Cette composition en fait une réalisation d'avant-garde pour la région : des rapprochements ont été établis avec l'hôtel de Rohan à Paris, construit à la même période, et des similitudes ont été notées avec d'autres façades contemporaines. La porte cochère évoque des modèles parisiens antérieurs, et l'ensemble a été construit entièrement en pierre de Volvic. L'auteur de l'ouvrage demeure inconnu ; selon Pascal Piéra, si l'intervention de Pierre-Alexis Delamair n'est pas prouvée, des ressemblances de style permettent de l'attribuer éventuellement à Delamair ou à l'un de ses émules. Au premier étage, plusieurs pièces conservent des lambris, des stucs et des peintures d'origine : un palier donne sur une vaste antichambre lambrissée qui communique avec un salon de compagnie, vêtu d'un parquet à la Versailles et entièrement recouvert de lambris moulurés. Ce salon présente trois portes en vis-à-vis, chacune surmontée d'un dessus de porte peint à sujet allégorique : la Géographie, la Muse Érato et la Poésie épique. La représentation de la Géographie est une copie d'un tableau de François Boucher de 1756–1757, la carte du Danemark ayant été remplacée par une carte de France ; les autres peintures s'inspirent d'œuvres gravées liées à François Boucher. Le second étage a perdu ses dispositions d'origine. Sur le plan de la conservation, les façades et les toitures de l'ensemble des bâtiments, ainsi que le portail d'entrée, l'escalier avec sa rampe en fer forgé et les salons centraux du rez-de-chaussée et du premier étage, ont été classés au titre des monuments historiques par arrêté du 27 mai 1963, tandis que les autres parties non classées ont été inscrites le 19 novembre 2020. Une pièce au rez-de-chaussée et une autre au premier étage conservent des boiseries anciennes attestant de l'importance du décor intérieur.