Origine et histoire de l'Hôtel Particulier
L'hôtel du ministre des Affaires étrangères, situé au 37 quai d'Orsay dans le 7e arrondissement de Paris, est le bâtiment officiel du ministère depuis sa construction entre 1844 et 1856. Cette permanence a fait que l'expression « Quai d'Orsay » désigne souvent le ministère lui-même. Le site est desservi par les stations de métro Assemblée nationale, Concorde et Invalides ; il jouxte le palais Bourbon, siège de l'Assemblée nationale, et l'hôtel de Lassay, résidence officielle du président de l'Assemblée, sans que ces ensembles ne communiquent entre eux. L'édifice a succédé à l'hôtel de Galliffet, affecté au ministère en 1795 et restitué aux héritiers du marquis de Galliffet en 1820, époque où le ministère s'installe boulevard des Capucines dans l'hôtel de Wagram dit de la Colonnade. Le projet d'un bâtiment officiel fut lancé à l'initiative d'Guizot en 1844 ; la première pierre fut posée en 1845 en présence de Guizot, de l'architecte Jacques Lacornée et du ministre des Travaux publics Pierre Sylvain Dumon. Les travaux, interrompus par la révolution de 1848, furent repris à l'instigation de Napoléon III et achevés en 1856 ; la pierre employée est du cliquart provenant des carrières de Fleury à Clamart. Destiné à accueillir souverains et diplomates, l'hôtel a reçu une décoration soignée : la sculpture extérieure fut confiée à des artistes ayant œuvré à la restauration de châteaux et d'églises, et la décoration intérieure mobilisa des peintres et décorateurs tels que Séchan, Nolau et Rubé, Molknecht, Lavigne, Liénard, Hippolyte Adam, les frères Huber et Paillard. Conçu pour impressionner le visiteur et souligner sa fonction d'apparat, l'ensemble mêle des éléments inspirés de l'Antiquité, de la Renaissance et de l'époque classique et s'inscrit majoritairement dans le style Napoléon III. Seules les salles de bains royales, créées en 1938 pour la venue du roi George VI et de la reine Elizabeth, constituent une exception : chef-d'œuvre d'Art déco influencé par l'architecture de luxe des transatlantiques, elles se distinguent par des mosaïques et verreries d'Auguste Labouret et des meubles de Jacques Adnet. Depuis plus d'un siècle et demi, l'hôtel a été le cadre de grandes négociations internationales, notamment le traité de Paris de 1856 et le traité de Versailles de 1919, et c'est dans le salon de l'Horloge que Robert Schuman prononça, le 9 mai 1950, sa déclaration désormais considérée comme fondatrice du processus d'unité européenne. Des soldats sont morts pour la libération de l'hôtel le 25 août 1944 ; une inscription et une plaque leur rendent hommage au 1 rue Robert-Esnault-Pelterie, qui longe le côté ouest de l'édifice. En 2018, un projet de modernisation et d'agrandissement a été annoncé en vue de regrouper le ministère sur trois sites ; les architectes Jean-Marc Ibos et Myrto Vitart proposent un bâtiment doté d'une large verrière, de 600 postes de travail modulables et d'espaces communs (salles de formation et de réunion, cafétéria, bibliothèque) afin d'améliorer l'accueil et la circulation sur le site. Parmi les intérieurs remarquables figurent l'escalier d'honneur, la salle des mappemondes avec son globe, le bureau du ministre, les chambres royales ainsi que le salon de l'Horloge et son plafond orné. Le ministère a également servi de décor au cinéma : le film Quai d'Orsay de Bertrand Tavernier (2013) y a été partiellement tourné. Plusieurs publications consacrées au Quai d'Orsay et à l'histoire diplomatique évoquent ses trésors et ses coulisses, notamment des ouvrages de Pierre-Jean Rémy, Franck Renaud, Abel Lanzac et Christophe Blain, Christian Lequesne, Bernard Destremau, Yves Bruley et Jean-Michel Leniaud.
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