Origine et histoire de l'Hôtel du Palais
Hôtel du Palais
L'Hôtel du Palais, situé à Biarritz (Pyrénées‑Atlantiques, Nouvelle‑Aquitaine), est un établissement de luxe dont les façades et toitures sont inscrites au titre des monuments historiques par arrêté du 24 décembre 1993. Il occupe l'emplacement de la Villa Eugénie, résidence estivale commandée par l'empereur et l'impératrice Eugénie et construite à partir de 1854 sur un domaine de dunes aménagé en parc, bois, prairies, potager, étang et dépendances. Les travaux de la villa commencèrent en 1854 sous la direction de Louis‑Auguste Couvrechef et de l'inspecteur Bertrand; après le décès de Couvrechef en 1857, Gabriel‑Auguste Ancelet puis Oscar Tisnès prirent le relais. La villa présentait un long corps principal et trois ailes perpendiculaires formant une cour d'honneur; elle fut rehaussée d'un étage et transformée en 1867. Après la mort de l'empereur, l'impératrice Eugénie vendit le domaine à la Banque de l'Union Parisienne et la villa fut transformée en hôtel‑casino puis en hôtel, prenant le nom d'Hôtel du Palais en 1893. Un incendie ravagea l'édifice en février 1903; Édouard‑Jean Niermans le releva en conservant les murs extérieurs et en reconstruisant l'ensemble selon un programme prévoyant trois cents chambres, appartements, salons et une salle de restaurant. La reconstruction, réalisée de 1903 à 1905, utilisa le béton armé et un chaînage entre parties anciennes et nouvelles, sur lequel furent plaqués des décors en brique, pierre et ardoise, donnant aux façades un style néo‑Louis XIII inspiré de la villa d'origine. Le plan général adopta la forme d'un E en référence au prénom de l'impératrice, mais la villa impériale d'origine n'est presque plus conservée, la chapelle voisine constituant l'unique vestige complet. À l'intérieur, la rotonde du restaurant et ses peintures murales sur le thème de Jason et la Toison d'or, réalisées par Paul Gervais, furent conçues lors de la reconstruction par Niermans. L'hôtel devint un lieu de prestige accueillant têtes couronnées et personnalités, et il fut agrandi et modernisé au fil du XXe siècle, notamment par l'ajout en 1957 d'une piscine dite « californienne » remplie d'eau de mer. Divers films y ont été tournés, parmi lesquels La Banquière (1980), Mes nuits sont plus belles que vos jours (1988) et Hors de prix (2006). Classé cinq étoiles en 2011, l'établissement a reçu la distinction française de « palace » en mai 2011, renouvelée en 2016; en 2024 il a obtenu deux Clefs du Guide Michelin dans la catégorie « séjour exceptionnel ». D'importants travaux de rénovation et de modernisation ont été engagés ces dernières années : des négociations avec le groupe Four Seasons ont été rompues en 2017, puis des travaux estimés à près de 70 millions d'euros ont eu lieu entre octobre 2018 et juin 2019 pendant une fermeture de l'établissement. L'hôtel a rouvert après restauration le 26 mars 2021; la ville de Biarritz reste propriétaire majoritaire (57 %), aux côtés du groupe JCDecaux (37 %) et de la Caisse des dépôts (2,74 %), la gestion étant confiée au groupe Hyatt. Des travaux complémentaires se sont déroulés entre novembre 2021 et juin 2022, et l'établissement a finalement rouvert le 3 juin 2022. Depuis la rénovation, l'hôtel dispose de 86 chambres et 56 suites, dont les suites Édouard VII (152 m²) et Alphonse XIII (177 m²) avec vue sur l'océan Atlantique, deux restaurants — la Villa Eugénie et l'Hippocampe — deux bars et un spa impérial en partenariat avec Guerlain. Le spa comprend un espace fitness, une piscine d'eau de mer, sauna, cabines de soin et un institut du cheveu; le domaine comprend également des installations de golf. La gestion de l'hôtel est assurée par une société communale mixte, la Socomix, créée en 1962 pour exploiter l'établissement sous un bail emphytéotique de 75 ans, dont le président est le maire de Biarritz. En mars 2017 le chiffre d'affaires annuel s'élevait à 21 586 300 €, le résultat net à 821 300 € et l'effectif à 183 personnes. L'histoire et l'architecture de l'Hôtel du Palais sont documentées dans plusieurs ouvrages et ressources, notamment l'étude de Marie‑France Lecat et Jean‑Michel Leniaud consacrée à Eugénie et à la villa impériale.