Origine et histoire de l'Hôtel Particulier
L'hôtel Duprat, dit aussi hôtel de Béthune‑Sully, est un hôtel particulier situé au 60 de la rue de Varenne, dans le 7e arrondissement de Paris. Il a été construit pour Charlotte Angélique de Bourgoin, veuve depuis seize ans d'Antoine‑Bernard du Prat, marquis de Formeries. En 1719 elle achète avec sa mère, sa sœur et son beau‑frère des terrains compris entre la rue de Varenne et la rue de Grenelle, puis choisit un emplacement en bordure de la rue de Varenne pour y édifier son hôtel particulier. Les travaux sont exécutés d'après les dessins de l'architecte Jean Baptiste Leroux et se déroulent en deux campagnes, en 1720 puis en 1722, la décoration étant confiée au sculpteur Nicolas Pineau. À l'origine, le bâtiment comprenait un corps central avec passage cocher, un premier étage, un second en mansarde, une aile et des écuries. L'aile gauche est remaniée en 1732 par Pierre Boscry à la demande de la marquise du Prat, mécontente des choix de Leroux, qu'elle accuse d'avoir employé des pièces de bois responsables du pourrissement des poutres dix ans après la construction. L'entrepreneur chargé de ces travaux est Charles Boscry, père de l'architecte. L'hôtel est ensuite vendu par les descendants de la comtesse du Prat à Charles‑François‑Christian de Montmorency‑Luxembourg, prince Tingry, duc de Beaumont, qui meurt en 1787. Son fils Christian en hérite, mais la succession n'est pas liquidée avant la Révolution ; certains biens sont alors saisis et revendus comme biens nationaux. Christian part en exil ; à son retour, sous l'an X, l'hôtel n'a pas été vendu mais appartient aux créanciers de son père et il doit le racheter. Il meurt en 1817 et lègue l'hôtel à son fils Anne‑Christian de Montmorency‑Luxembourg. En 1857 l'édifice est acquis par Charles‑Louis‑François, duc de Béthune‑Sully ; il passe ensuite à la comtesse d'Hinnisdal, au comte Henri d'Hinnisdal puis à la marquise d'Andigné. L'hôtel est aujourd'hui divisé en plusieurs appartements répartis entre différents propriétaires. Côté rue, il présente une porte surmontée d'un cartouche orné de feuillages portant les initiales « MLC », sans doute en référence à un membre de la famille Montmorency‑Luxembourg. La façade comporte un fronton, des ferronneries et une porte monumentale décorée de bois ; le bâtiment compte trois étages. La cour intérieure est pavée, avec de petits jardins à son fond et des dépendances. On connaît notamment une vue de la cour en 1918 et un détail du cartouche sculpté au‑dessus de la porte cochère. Ont été inscrites au titre des monuments historiques la façade sur rue (vantaux de la porte compris) et la façade sur cour par arrêté du 9 juillet 1926, ainsi que le salon, la salle à manger et une chambre à boiseries par arrêté du 10 août 1949 ; ces intérieurs étaient propriété de Pierre Sauvage, propriétaire de Casa Lopez.