Origine et histoire de l'Hôtel Fontfreyde
L'hôtel Fontfreyde, situé rue des Gras à Clermont-Ferrand, est un logis en partie du XVIe siècle et un chef-d'œuvre de la Renaissance. Il se compose de deux corps de logis reliés par une galerie ouvrant sur une petite cour, la jonction étant assurée par un escalier en vis desservi par une tourelle. La façade sur cour se distingue par la superposition d'ordres antiques — dorique, ionique et corinthien — matérialisée par des pilastres encadrant les baies. La toiture présente une lucarne ornée de pilastres corinthiens et d'un mascaron entouré de rinceaux et d'une pomme de pin, et les rampes intérieures côté cour comportent bas-reliefs et blasons. La distribution intérieure a été remaniée au XVIIIe siècle, et l'édifice a subi d'autres transformations aux XVIIe et XIXe siècles tout en conservant ses qualités renaissantes. Des relevés réalisés en 2001 ont confirmé l'existence d'un bâtiment dès la fin du Moyen Âge, et une étude archéologique menée la même année a mis au jour des niveaux d'occupation antiques dans les caves. Ces observations montrent que la cave sud correspond à la partie inférieure d'une construction du XIIIe siècle et que l'ensemble résulte de la réunion de plusieurs bâtiments médiévaux organisés autour d'une cour pavée. L'hôtel a appartenu successivement à plusieurs familles, dont les Coustave, puis les Fontfreyde, qui entreprirent une reconstruction au cours du XVIe siècle ; Gabriel et Jean de Fontfreyde sont notamment associés aux travaux et aux marques héraldiques conservées sur l'édifice. Par la suite, la propriété passa aux Dumas de Labro, puis à divers notables et bourgeois jusqu'à son acquisition par la ville. La municipalité acheta l'immeuble en 1912 ; la même année il fut classé au titre des monuments historiques. Des travaux de restauration extérieure et intérieure, conduits dans les années 1920 sous la direction de l'architecte des monuments historiques et exécutés localement, ont restitué l'ordonnance des façades et redonné une cohérence au plan médiéval de corps de logis sur rue et de galeries sur cour. L'intervention comprit la remise en pierre d'éléments anachroniques, la création de nouvelles ouvertures, le retrait des menuiseries fermant l'escalier en vis et la pose de vitraux retraçant l'histoire de l'hôtel par des blasons. Après l'alignement de la façade nord réalisé en 1934, l'hôtel conserva une baie centrale du XVIe siècle tandis que deux autres furent reproduites à l'identique. Propriété municipale dès 1912, l'édifice accueillit à partir de 1921 un musée d'histoire et d'art local, soutenu par l'association "Ancienne Auvergne" fondée par Henri du Ranquet ; le musée obtint le statut de musée contrôlé par l'État dans les années 1960. Fermé en 1989 lorsque ses collections furent réparties dans d'autres musées de la ville, le lieu servit ensuite à des expositions temporaires avant d'être choisi pour abriter un centre photographique. À la suite d'une rénovation intérieure visant à concilier présentation d'œuvres et préservation du bâti, l'hôtel Fontfreyde a rouvert en avril 2010 comme centre photographique, assurant la diffusion d'œuvres contemporaines et la production de travaux en résidence. Le centre propose une programmation d'expositions monographiques et collectives, accueille des résidences photographiques, édite des catalogues, organise rencontres et actions de médiation, et participe au Festival Nicéphore+. Depuis 2004, la Ville confie une résidence à un photographe chargé d'un regard sur la ville ; cette démarche vise à constituer un fonds photographique mémoriel et à favoriser la rencontre entre l'artiste et les habitants. Parmi les lauréats figurent des photographes tels que Charles Fréger, Bogdan Konopka, Éric Baudelaire, Martin Kollar, John Davies, Thibaut Cuisset, Marion Poussier, Pascal Aimar, Patrick Tourneboeuf, Béatrix von Conta et Alexis Cordesse. Le centre a également édité plusieurs catalogues d'exposition et publications liées aux expositions et aux résidences, complétant ses actions de diffusion et de conservation. L'hôtel Fontfreyde demeure un élément majeur du patrimoine clermontois, conjuguant valeur architecturale, mémoire urbaine et activité culturelle consacrée à la photographie.