Origine et histoire de l'Hôtel Hutot de Latour
L'hôtel Saint-Martin, dit aussi hôtel Hutot de Latour, se situe entre le cours Gambetta, la rue des généraux-Alabosse et la rue Louis-Vivent à Agen (Lot-et-Garonne). Construit de 1753 à 1755 pour Pierre-Louis Hutot de Latour, conseiller du Roi et receveur des tailles, l'édifice respecte les préceptes de Blondel : habitation, écuries et communs s'organisent autour d'une cour d'entrée. L'habitation, élevée à l'emplacement de l'ancien rempart, s'ouvre sur une terrasse ; un petit bâtiment annexe a probablement abrité les bureaux de la Recette des deniers du Roy. La tour d'enceinte dite de la Poudre a été transformée en salon de musique. L'ensemble est construit en moellons, rehaussé de chainages et d'encadrements de fenêtres en briques, et orné de clefs sculptées aux baies. L'intérieur a conservé son décor d'origine : ferronneries de l'escalier, boiseries des salons et des chambres, stucs. Hutot de Latour acquit le terrain initial le 8 février 1753 auprès de Jeanne et Hélène Rouget pour 660 livres, puis agrandit sa propriété par des achats à Joseph Suslacarrère, J. B. Mazères et François Charrière. Bloqué à l'ouest par le rempart de la ville qui masquait la vue sur la Garonne, il obtint la baisse de sa hauteur le 17 février 1753 et, peu après, acheta la maison et le jardin avec la tour de la Poudre appartenant à la veuve Manieu, obtenant aussi la jouissance d'une partie du chemin de ronde. L'architecte demeure inconnu ; J. Marboutin a noté l'originalité du style dans l'Agenais, ce qui laisse supposer qu'il n'était pas du pays. Les travaux avancèrent rapidement : un accord du 2 mai 1754 atteste que les fondations étaient achevées et l'hôtel fut terminé en 1755. Le 7 septembre 1755 la ville lui concéda en location perpétuelle un terrain devant le rempart pour en faire un jardin contre une rente annuelle de 30 livres. Hutot de Latour quitta Agen pour Paris en 1773 et vendit l'hôtel à Martial de Fossat de la Bastide le 18 février 1774 pour 40 000 livres ; après trois ans de possession il fut acquis par Pierre Villeneuve, puis, par acte du 4 mai 1810, par Nicolas Cazabonne de Lajonquière, conseiller au siège présidial d'Agen. Cazabonne fut président de la Société libre des lettres, sciences et arts d'Agen en 1786, juge au tribunal d'appel pendant la Révolution et mourut en 1817. M. Calmels-Puntis en fut propriétaire en 1844 ; le commandant de Saint-Martin, chef de bataillon au 9e de ligne, le posséda de 1925 à 1952, puis il appartint à la famille Ducos, puis à un peintre parisien. Un projet de transformation en hôtel de luxe porté par la société Héridis a été envisagé en 2010 puis abandonné en 2015. L'hôtel a été classé au titre des monuments historiques le 9 août 1954.
