Origine et histoire de l'Hôtel Joubert-Bonnaire
L'Hôtel Joubert-Bonnaire, situé 12 rue Chevreul à Angers, est un hôtel particulier construit entre 1807 et 1811 par l'architecte angevin Louis François, dit François père, pour Joseph-François Joubert-Bonnaire, manufacturier de toiles à voile. Divers projets d'élévation et de plans ont précédé le parti définitif, et une fabrique en forme de temple circulaire prévue dans le jardin n'a pas été réalisée. Le contrat avec Louis François date du 20 mars 1808 et les archives municipales conservent le dossier de construction. L'ouvrage fut achevé en 1811 pour un coût de 81 026 francs, hors acquisition des matériaux et leur transport évalués à 20 500 francs pris en charge par le propriétaire. Le plan est très classique : le logis s'inscrit entre cour et jardin, l'élévation présente deux niveaux et cinq travées de fenêtres sur les façades principales. La façade sur cour est ornée d'un ordre colossal formé de quatre colonnes ioniques soutenant un fronton, tandis que la façade sur jardin est encadrée de pilastres autour des trois baies centrales. Les motifs sculptés des façades sont l'œuvre de Pierre-Louis David, dit David père. Au rez-de-chaussée, la pièce centrale, grand salon d'apparat aménagé dans l'axe du vestibule, conserve un décor peint et des boiseries sculptées conçues par Louis François. Parmi les aménagements intérieurs d'origine, cette salle est la seule à subsister intégralement. Les communs symétriques sur la cour ont été détruits vers 1880 au profit des ailes actuelles, qui accueillent remise, écurie, porterie et bureaux. Ces ailes, ajoutées à la fin du XIXe siècle et dans les années 1930 par la banque Bougère, ont permis l'installation de ses services dans l'édifice entre 1886 et 1936. L'escalier primitif, situé à droite du vestibule, a été détruit probablement après 1930 lors des extensions latérales qui comprenaient de nouveaux escaliers. L'édifice a été acquis par la mairie d'Angers en 1976, qui y a installé une partie de ses services et en a fait une annexe municipale. Les façades, toitures, la cour, le jardin et le portail d'entrée ont été inscrits au titre des monuments historiques le 7 juillet 1978. Joseph-François Joubert, marié à Françoise-Marie Bonnaire, a marqué sa réussite par cette construction, proche de la place des Halles alors centre du pouvoir local. Il avait succédé à son beau-père dans la production et le commerce des toiles : en 1790 il racheta les manufactures d'Angers et de Beaufort, et pendant la Révolution son activité participa à l'équipement des vaisseaux des ports de Brest et de Lorient. En 1802 il employait 642 habitants de la ville et 6 000 des campagnes ; il fut nommé maire d'Angers le 25 septembre 1801, décoré de la Légion d'honneur en septembre 1802 et devint député du Corps législatif en 1807-1808 ; sa fortune était estimée à 400 000 francs en 1812. La propriété passa ensuite à sa fille Anne Catherine, épouse du manufacturier et négociant Frédéric Moreau, puis à leur fille Anne Françoise Moreau, qui épousa Raoul d'Estriché de Baracé (1810-1883). Les quatre enfants de ce dernier — Anne (épouse de Georges Pabot du Chatelard), Marie, vicomtesse de Querhoënt, Georgette (épouse de Chéon) et Antonin de Baracé — décidèrent de vendre l'hôtel en 1886. Au cours de sa carrière, Louis François, dit François père, fut "architecte ordinaire de la préfecture" et "architecte de la cathédrale" ; il restaura l'ancien hôtel de ville d'Angers pour l'approprier en Cour d'appel.