Origine et histoire de l'Hôtel le Belvédère du Rayon Vert
L'Ancien hôtel Belvédère du Rayon Vert, situé à Cerbère à la frontière espagnole, occupe une parcelle triangulaire à l'entrée nord de la commune entre la voie ferrée et la route départementale 914, avec vue sur la mer. Construit en béton armé entre 1928 et 1932 par l'architecte perpignanais Léon Baille pour Jean de Léon, gérant du buffet de la gare de Cerbère, il était destiné aux voyageurs contraints de descendre pour le changement de trains et l'obtention de visas. L'édifice de quatre niveaux adopte le style « paquebot », expression locale de l'Art déco, et multiplie les références à l'architecture navale. La « poupe », les coursières aux extrémités arrondies et la sortie d'escalier sur le toit-terrasse, évoquant une cheminée de navire, marquent l'extérieur ; l'inspiration se retrouve également dans les aménagements intérieurs. L'hôtel comprenait une salle de cinéma et son bar, un restaurant panoramique sur la Méditerranée, un casino, un salon de lecture, une scène de théâtre à l'italienne et un court de tennis sur le toit. Les carrelages et les faïences ont été créés spécialement pour l'établissement dans un atelier proche. L'établissement comptait trente chambres et était classé trois étoiles. Le Guide Michelin de 1937 le mentionne, sous les noms Belvédère du Rayon Vert et Bel-Horizon, comme proposant soixante chambres équipées d'eau froide et chaude, cent places de garage, des tarifs de 15 à 25 francs pour la chambre et des repas facturés de 5 à 16 francs boisson comprise. La fermeture de la frontière lors de la guerre d'Espagne a très rapidement tari le flux ferroviaire dont dépendait l'hôtel et provoqué son déclin. L'édifice fut réquisitionné par la Wehrmacht entre 1942 et 1944. Malgré un affaiblissement pendant la Seconde Guerre mondiale, l'hôtel reprit une activité dans les années 1950, marquée notamment par des animations chantées et dansées. À la longue, le bâtiment est tombé dans un état de délabrement avancé, puis a fait l'objet de restaurations progressives. Ses façades, sa salle de cinéma et sa terrasse supérieure ont été inscrites au titre des monuments historiques le 9 avril 1987. Désaffecté en tant qu'hôtel depuis 1983, le Belvédère est aujourd'hui exploité par une société commerciale qui propose à la location saisonnière neuf appartements pour deux à six personnes ; le bâtiment est équipé d'un ascenseur. L'hôtel a accueilli en 1949 le peintre espagnol José de Zamora, qui régla son loyer en peignant des fresques murales, dont une représentant la femme dont il était amoureux dans la salle à manger. Les Rencontres Cinématographiques de Cerbère–Portbou se tiennent chaque premier week-end d'octobre depuis 2005 à l'hôtel, proposant sept séances par édition où sont associées, à chaque projection, un court et un long métrage issus de festivals ou de réalisateurs variés. Ces Rencontres distinguent deux lauréats qui bénéficient d'une résidence pour l'écriture ou les repérages d'un film sur le territoire allant de Portbou à Collioure et doivent chacun programmer une séance. Le Belvédère a fait l'objet de reportages et de tournages : l'émission Thalassa lui a consacré un reportage diffusé en 2013 et rediffusé en 2014 et 2016, des scènes de la série Capitaine Marleau ont été tournées en février 2015, et le film Hôtel Silence de Léa Pool y a été tourné en novembre 2022, sorti en mars 2024. Au cours du XXe siècle la salle de spectacles a accueilli des artistes tels que Fernandel, Mistinguett et Maurice Chevalier ; de nombreuses personnalités y ont également séjourné, parmi lesquelles Michèle Morgan, Orson Welles, Bourvil, Francis Blanche, Gina Lollobrigida, Josée Dayan et Gérard Depardieu.
