Origine et histoire
L'hôtel Leglas-Maurice, hôtel particulier du XIXe siècle situé au 134 rue Paul-Bellamy à Nantes (quartier Hauts-Pavés - Saint-Félix), est répertorié au PLU et a été inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 10 juillet 2015. Il doit son nom à la famille Leglas-Maurice, dynastie de menuisiers fondée en 1792. François-Pierre Leglas-Maurice (1821-1914), qui a pris la direction de l'entreprise familiale en 1848, a rationalisé l'industrie de l'ameublement à Nantes et contribué à sa renommée au-delà du département. Il a également exercé des fonctions publiques : conseiller municipal de 1860 à 1871, membre puis président des Prud'hommes de Nantes entre 1855 et 1888, et membre de la Chambre de commerce de Nantes de 1886 à 1895. L'entreprise exposait meubles et objets dans des magasins rue de Briord à Nantes et disposait de deux boutiques à Paris ; ses ateliers se trouvaient rue de la Garde-Dieu et rue Saint-Jean. Lors du percement de la rue de Strasbourg en 1872, François Leglas-Maurice a été exproprié de ses ateliers et de sa propriété ; il a acheté une parcelle de deux hectares au Mont-Goguet, au 96 rue de Rennes, et a aménagé l'hôtel particulier entre 1873 et 1885 pour en faire la vitrine de son industrie. En 1912, l'entreprise a été reprise par son fils Maurice-François et son gendre Léon Jamin, prenant le nom de Leglas-Maurice et Jamin. Elle a figuré parmi les entreprises françaises les plus importantes dans l'ameublement, proposant du mobilier de série et du mobilier de luxe, équipant des paquebots construits à Nantes et Saint-Nazaire et employant 400 personnes en 1904. La maison a participé aux Expositions universelles de 1900 et à l'Exposition des arts décoratifs de 1925, et a réalisé le décor de la salle-à-manger du paquebot Normandie en 1935. À la différence d'autres industries nantaises, l'entreprise Leglas-Maurice et Jamin a disparu après la Seconde Guerre mondiale. Sont inscrits aux monuments historiques l'ensemble des pièces du rez-de-chaussée avec leurs décors — vestibule, salle-à-manger, petit salon néo-Louis XV et salon néo-Louis XVI — ainsi que les façades et toitures de l'hôtel, y compris des verres peints de l'artiste nantais Antoine Meuret (cad. MS 585). L'ensemble présente un style néo-renaissance ; l'escalier est éclairé par des vitraux. La salle-à-manger est lambrissée en chêne de Hongrie dans le style Henri II, avec un plafond à caissons décoré de grecques, rinceaux et rubans. Le salon comporte des glaces rehaussées de médaillons en porcelaine représentant des membres de la famille royale. Ce décor illustre le savoir-faire d'une entreprise florissante et le courant éclectique de l'époque. Parmi les éléments remarquables figurent le bow-window du salon, les vitraux de la salle-à-manger et l'escalier.
