Origine et histoire de l'Hôtel Lespinay-de-Beaumont
L'Hôtel Lespinay-de-Beaumont est un ancien hôtel particulier situé au 1, impasse Eugène-de-Mouillebert à Fontenay-le-Comte (Vendée), autrefois connu sous l'adresse 1, place du Puits-de‑La‑Vau. Il s'implante au pied d'une motte féodale, dans le quartier des Illustres de la Renaissance, adossé aux fortifications ; la parcelle comprend une tour de l'enceinte datée du XIIIe siècle dite « tour de Mme Parmier ». L'édifice se trouve à la convergence de rues historiques et à proximité du puits de la « vallée » formé par le ruisseau du Bédouard, dont le sillon constitue un marqueur géologique de la ville.
Achevé vers 1784, comme l'indique un cartouche sur le mur d'acrotère arrière, il a été élevé à l'emplacement de l'ancien hôtel de La Vau, dont subsistent peut‑être des éléments d'un escalier en vis du XVIe siècle. Construit en blocs de calcaire et pierres de taille, il présente un corps principal cubique, deux ailes en retour de part et d'autre d'une cour et une toiture en pavillon recouverte d'ardoises. La façade, traitée selon un ordre colossal, manifeste une organisation intérieure originelle : un rez‑de‑chaussée technique, des étages de réception et de logement privé encadrés par des pilastres d'angle et des loges de domestiques en attique. L'architecte a cherché à imposer une façade puissante dans un tissu urbain étroit tout en dissimulant l'imposante toiture ; le motif destiné à porter les armoiries n'a pas été sculpté, sans doute en raison du climat révolutionnaire. À l'origine, une porte cochère unique ouvrait sur la cour ; deux portes latérales remplacèrent progressivement, au cours du XXe siècle, d'anciennes fenêtres à barreaux.
L'hôtel fut construit pour la famille Lespinay de Beaumont ; Louis‑Gabriel de Lespinay en fut le commanditaire. La famille décida de rebâtir à la place de l'hôtel de La Vau après l'aveu rendu pour le fief de La Vau et vint occuper l'immeuble pour y résider l'hiver et y recevoir. Lors de la Révolution, les propriétaires prirent la fuite et trouvèrent la mort pendant la Virée de Galerne ; la propriété fut alors confisquée comme bien national, mise à la disposition de représentants en mission et de généraux, qui la pillèrent au point d'entraîner une protestation du conseil municipal le 26 août 1793 contre le général Jean‑Antoine Rossignol. À partir de février 1794, l'hôtel fut réquisitionné et utilisé comme hôpital pour les prisonniers malades.
Après la période révolutionnaire, la fille et le gendre de Louis‑Gabriel retrouvèrent possession de l'immeuble en 1802 et y vécurent jusqu'à leur décès. En 1846, Armand François de Lespinay de Beaumont légua l'hôtel à son voisin Victor de Rorthais de Monbail, qui fit réaliser des travaux en 1847 ; l'édifice resta dans cette famille puis fut cédé en 1922. Après une première tentative commerciale en 1922, l'immeuble fut acquis en 1925 par la société Guiller frères, qui transforma profondément les lieux pour y assembler vélos puis motocyclettes, installant ateliers, chaînes de montage et dalles en béton. La production, commercialisée sous plusieurs marques et destinée à l'exportation, conduisit la société à se scinder ; la Société René Guiller fut mise en liquidation en 1957 et l'immeuble vendu aux enchères. Racheté ensuite par l'industriel Guy‑Biraud pour 13 200 NF, le bâtiment accueillit la Société des transformateurs BC et diverses activités industrielles et commerciales, dont la tôlerie électronique SOTELEC. Pendant une trentaine d'années, Guy‑Biraud restaura et conserva des collections liées aux techniques de communication et exposa des véhicules ; son épouse y donna des cours de danse. Il fit inscrire l'édifice à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques et amorça sa conversion vers l'usage résidentiel.
L'édifice a été inscrit au titre des monuments historiques en 1977. Fin 1999, un promoteur l'acquit pour le mettre en copropriété et vendre des plateaux à des investisseurs dans le cadre du dispositif de défiscalisation de la loi Malraux. Entre 2000 et 2003, des travaux de restauration ont permis d'aménager treize appartements sur environ 2 000 m², en supprimant notamment certaines adjonctions du milieu du XXe siècle et en apportant un confort contemporain. Au milieu du XXe siècle, des aménagements avaient déjà modifié la cour en la portant au niveau du premier étage, couverte d'une terrasse en pierre, transformé l'extrémité ouest des communs et aménagé un atelier à l'arrière ; certaines de ces adjonctions ont été démontées lors des restaurations récentes. Le bâtiment est ouvert au public lors des Journées européennes du patrimoine et dans le cadre de la programmation de Fontenay, ville d'art et d'histoire, et la copropriété est actuellement représentée par un syndic bénévole.