Origine et histoire
L'hôtel Maillard est un hôtel particulier de la Renaissance situé dans le bourg de Baugé, commune de Baugé-en-Anjou, dans le département de Maine-et-Loire, en Val de Loire, entre la rue Basse et la rue de la Chaussée. La maison, datée de la seconde moitié du XVIe siècle, est composée d'un corps principal en retour sur cour relié à plusieurs corps en enfilade. Les parties est et ouest sont desservies par un vaste escalier-formant-galerie qui ouvre sur la cour par trois arcades en plein cintre sur trois niveaux. À l'arrière, donnant sur la rue, se trouve un corps en hors-œuvre de faible dimension dont les trois niveaux sont voûtés en berceau ou en voûte d'arêtes. La partie ouest, construite en 1699, portait les armes de la famille Maillard; la façade sur rue a été remaniée au XVIIIe siècle. L'accès à la cour s'effectue par un passage voûté en berceau depuis la rue Basse, qui desservait autrefois un pavillon ouvert sur la rue. Depuis la cour, le logis présente les caractéristiques de la Renaissance autour de 1550 : cinq corps de bâtiments en enfilade, une galerie d'escalier à l'italienne et une demi-tour de latrines. L'entrée se situe au niveau de l'escalier; à droite on trouve un petit cabinet voûté donnant accès à l'eau de la rivière, à gauche une ancienne cuisine qui communique avec une pièce ouverte par trois arcades en plein cintre, l'une d'elles menant à une réserve sur deux niveaux. L'escalier en pierre, de type « rampe sur rampe » à deux quarts tournants, conduit au premier étage où trois salons sont disposés de part et d'autre de la galerie ; le grand salon ou bureau comporte une cheminée et un plafond à solives soutenues par des corbeaux en pierre et s'ouvre sur un petit cabinet voûté à croisées d'ogives, tandis que deux autres salons sont en enfilade. Les étages supérieurs sont réservés aux espaces d'habitation. La présence d'une gouttière d'évacuation dans l'épaisseur du mur de l'escalier suggère soit l'existence d'une pièce en surplomb dans les combles de l'escalier, soit un dispositif d'évacuation des eaux pluviales. L'escalier franchit la rivière Altrée et a permis, au milieu du XVIe siècle, de réunir plusieurs bâtiments ; sa construction, partiellement réalisée avec des marches récupérées d'un escalier à vis, témoigne de l'existence d'éléments plus anciens. Ces observations ont conduit à avancer que la reconstruction du château par le roi René, commencée en 1451, coïncide avec l'installation d'administrations ou d'hôtels particuliers à proximité, mais l'hôtel Maillard acquiert sa forme définitive de « palais italien » au XVIe siècle lorsque la campagne de travaux unifie le corps de logis de la rue de la Chaussée avec des dépendances situées en contrebas, réorientant le bâtiment vers la rue Basse devenue voie principale. La datation autour de 1550 s'appuie sur le caractère transitionnel de l'escalier, entre spirale médiévale et escalier droit moderne ; ses particularités sont qu'il enjambe l'Altrée comme un pont et que sa galerie est en loggia ouverte sur la cour par trois arcades asymétriques. Le nom de l'édifice provient d'une pierre sculptée aux armes du sieur Maillard, portant la date 1636, qui correspond soit à un achat, soit à une restauration. Des travaux intérieurs de modernisation des cheminées et des ouvertures sur la rue de la Chaussée ont été réalisés au début du XVIIIe siècle. Le bâtiment est ensuite tombé dans l'oubli jusqu'à la fin du XXe siècle; son inscription au titre des monuments historiques en 1995 a permis à M. de Lavernée, avec les architectes Christophe Boucher et Gérôme Bodin, d'engager sa sauvegarde et sa mise en valeur, Gérôme Bodin achevant ultérieurement les travaux avec le nouveau propriétaire Philippe Méaille.