Origine et histoire de l'Hôtel Mansencal
L'hôtel Mansencal, situé au n°1 de la rue Espinasse dans le centre historique de Toulouse, est un hôtel particulier représentatif de l'architecture Renaissance toulousaine. Sa construction est attribuée à Jean de Mansencal et s'inscrit dans le second quart du XVIe siècle, entre 1527 et 1547, sans que l'on sache précisément si elle s'est déroulée en une ou deux campagnes. L'édifice se distingue par une tour élevée, l'une des plus hautes de la ville, d'environ 30 mètres, et par le décor sculpté de sa façade côté jardin ; il a fait l'objet d'une inscription partielle aux monuments historiques en 1925. Après avoir appartenu à la famille Mansencal, l'hôtel passa, à la fin du XVIe siècle, à la famille Caminade, dont Jean Gaubert de Caminade et son fils Philippe jouèrent des rôles importants au Parlement et dans les cercles littéraires. Par héritages et achats successifs, l'ensemble fut agrandi au fil du XVIIe siècle et accueillit en 1667 les Lanternistes, une société littéraire toulousaine. Après la Révolution, la propriété changea de mains : Raymond Vignes-Cailas puis le marquis de Tauriac en furent propriétaires, avant d'abriter une pension de jeunes filles, puis le collège Henri IV. En 1874, les Dominicains achetèrent l'immeuble et lancèrent, sous la direction de l'architecte Henri Bach à partir de 1879, un chantier d'extension de leur couvent qui devait initialement entraîner la démolition complète de l'hôtel ; finalement, seule une partie de la façade sur jardin fut supprimée, trois travées sur cinq. Une église néogothique fut alors insérée dans l'ancien logis et resta en place jusqu'en 1968. À partir de 1968, les bâtiments du couvent situés entre les rues Espinasse et Vélane furent cédés à la société immobilière la Térésia, qui fit édifier, entre 1968 et 1972, la résidence dite "Hôtel de Mansencal"; les dernières parties conservées du XVIe siècle dépendent aujourd'hui du collège privé Saint-Thomas-d'Aquin.
Côté cour, la façade sur rue présente un aspect sobre et massif, percé de fenêtres rectangulaires à encadrement de pierre, et une porte cochère dont le portail est orné de pilastres cannelés ouvre sur une cour formée par deux corps de logis. L'aile gauche comprend une tour d'escalier carrée à l'extérieur mais renfermant une vis circulaire, flanquée d'une tourelle d'angle sur trompe ; la tour, haute d'environ 30 mètres, s'achève par une terrasse-mirande et sa salle supérieure ouverte de mirandes est décorée de grisailles. L'escalier à vis aboutit à une colonne corinthienne d'où partent huit nervures qui soutiennent une voûte cylindrique à liernes et tiercerons, et une torsade court sur l'axe de l'escalier. Les étroites fenêtres de la tour se superposent et s'ouvrent en plein cintre, soutenues par de fines colonnettes aux ordres dorique, ionique et corinthien. Une coursière à arcades en anse de panier, portée par des consoles en pierre, relie l'aile gauche à l'aile droite ; les trois corps de bâtiment sont percés de fenêtres encadrées par des chambranles à double crossettes et unifient leurs élévations par une corniche soutenue par de petites arcatures de brique.
Côté jardin, la façade conserva l'élévation Renaissance sur deux travées des cinq initialement construites et illustre la superposition des ordres sur trois niveaux, avec pilastres dorique, ionique et corinthien. Les fenêtres y sont inscrites dans des arcs en plein cintre et entourées de larges chambranles à double crossettes, ornés au premier niveau de petites colonnes et au niveau supérieur de volutes avec gousses. L'ensemble de l'hôtel Mansencal reste un bel exemple de la Renaissance toulousaine, malgré les remaniements et mutilations subis aux siècles suivants.