Origine et histoire de l'Hôtel Pichon-Longueville
L'ancien hôtel Pichon-Longueville, également appelé hôtel Morel ou hôtel Montméjan, est un hôtel particulier du XVIIIe siècle situé 9 rue Poquelin-Molière, dans le quartier Saint-Christoly de Bordeaux (ancienne rue Montméjan). Il est voisin de l'hôtel de Pichon-Longueville situé au 1 rue Poquelin-Molière, à l'angle de la rue Castillon. La rue qui l'accueille fait partie des plus anciennes de Bordeaux et fut, au début du XVIIIe siècle, l'une des premières à recevoir des hôtels aristocratiques. L'édifice a été construit pour Jean Morel-Rigaudie, receveur des tailles pour le Condomois et le Bazadais, qui acquit le 20 septembre 1727 le terrain du jeu de paume de Nicolas Barbarin, ayant accueilli la troupe de Molière en 1656 et incendié en 1716. Morel-Rigaudie y fit édifier un hôtel destiné à l'habitation et au bureau de recette des tailles dont il avait la charge. L'immeuble passa ensuite aux fils de Morel, Jean et Matthieu-Marcel, puis à J.-B. Boubée de Brouquens ; en 1784 il fut acquis au tribunal par Jean Gélibert, qui le revendit en 1837 au baron de Cursol. En 1853 le baron céda la propriété à la baronne Georgina Dudon ; elle la transmit par succession à son neveu René de Roussy, puis en 1915 au filleul de celui-ci, Léon de Loth ; plusieurs propriétaires se sont succédé depuis le milieu du XXe siècle. Élevé entre 1727 et 1730, le bâtiment se déploie entre cour et jardin, avec un corps de logis et deux ailes formant trois côtés d'une cour assez vaste. Les deux ailes, coiffées de toits à la Mansart, encadrent côté rue une terrasse bordée d'un balcon en fer forgé portant les initiales MR, qui repose sur une voussure soutenant la porte cochère. La porte d'entrée est ornée d'arabesques et de mascarons ; l'imposte est sculptée d'un quadrillage à rosettes et les vantaux présentent des mascarons coiffés de plumes et de bossages. L'un des vantaux porte un heurtoir en fer forgé gravé de la date 1722, attribué à Jayler ou Darroux, artisans de la ferronnerie bordelaise au XVIIIe siècle. Dans l'aile est, un escalier avec sa rampe en fer forgé constitue une œuvre remarquable de la ferronnerie du XVIIIe siècle à Bordeaux. L'architecture de l'hôtel témoigne des goûts esthétiques en vigueur avant l'arrivée de l'architecte Jacques Gabriel en 1735. L'édifice est inscrit au titre des monuments historiques depuis le 22 mars 1930.