Origine et histoire de l'Hôtel Particulier
L'hôtel Pillet‑Will, établi à l'emplacement de l'ancien hôtel Marbeuf, se trouve au 31 rue du Faubourg‑Saint‑Honoré dans le 8e arrondissement de Paris. La porte monumentale ouvrant sur la rue, vantaux compris, a été inscrite aux monuments historiques par arrêté du 7 novembre 1927. L'ancien hôtel Marbeuf fut édifié en 1718 par Pierre Cailleteau dit Lassurance pour Louis Blouin, premier valet de chambre de Louis XIV. Il revint ensuite à Catherine Mignard, qui épousa le comte de Feuquières, puis passa au receveur général des finances d'Orléans Jean‑Hyacinthe Davasse de Saint‑Amarand avant d'être acquis en 1753 par Gabriel Michel, codirecteur de la Compagnie des Indes. Sa fille Henriette Françoise Michel hérita de la propriété en 1765 ; elle était mariée à Jacques de Marbeuf, neveu du gouverneur de la Corse. La façade fut réaménagée par Jacques‑Guillaume Legrand et Jacques Molinos, qui y créèrent une décoration polychrome inspirée de l'Antiquité, et l'édifice prit alors le nom d'hôtel de Marbeuf. Gabrielle de Marbeuf fut guillotinée le 5 février 1795 ; la propriété fut rendue au neveu des Marbeuf en 1801 et louée au début du XIXe siècle à Joseph Bonaparte, qui l'acheta en 1803. Le Concordat fut signé dans ces murs le 16 juillet 1801. Parmi les autres habitants figuraient Cambacérès, Caroline Murat et Élisa Baciocchi ; Joseph Bonaparte revendit l'hôtel en 1810 à l'amiral Decrès, puis le maréchal Suchet en devint propriétaire en 1818, et sa veuve le céda en 1884 au banquier Pillet‑Will. L'hôtel Pillet‑Will, de style néo‑Louis XV, fut construit en 1887 pour le comte Frédéric Pillet‑Will, régent de la Banque de France. Les vantaux du portail occidental proviennent de l'hôtel de Vicq, détruit en 1883 rue Saint‑Martin, et l'édifice intègre divers réemplois : boiseries de l'hôtel de Gontaut‑Saint‑Blancart, portes d'une maison de la rue de Bondy et grands vases en pierre provenant de Bagatelle. Frédéric Pillet‑Will y rassembla une importante collection d'art, comprenant notamment des toiles de Jean‑Honoré Fragonard et de François Boucher. L'ambassade du Japon, qui avait acquis l'immeuble en 1965, fit démolir l'hôtel en 1967 pour le remplacer par une construction moderne, en ne conservant que le bâtiment sur rue ; la journaliste Annick Colonna‑Césari estima alors que l'ancien bâtiment « n'avait aucun intérêt, et le nouveau est bien plus réussi ». Le bâtiment actuel, entre cour et jardin, est la résidence de l'ambassadeur du Japon ; il présente des façades en mur‑rideau conçues par Jean Prouvé et un mobilier de Charlotte Perriand. À cette occasion, les boiseries de Nicolas Pineau, provenant de l'hôtel de Varengeville, furent achetées par Charles Wrightsman puis offertes au Metropolitan Museum of Art, où elles sont exposées.