Période
XIXe siècle, 1ère moitié XXe siècle
Patrimoine classé
Les façades et toitures des bâtiments formant les anciens ateliers des houillères avec le sol des parcelles correspondantes (cad. AE 151 à 154) ; les façades et toitures des maisons sises 2, 4, 10, 12, faubourg Saint-Jacques avec le sol des parcelles correspondantes (cad. AK 74, 75, 78, 79) ; les façades et toitures des maisons sises 6 et 8, faubourg Saint-Jacques avec le sol des parcelles correspondantes (cad. AK 76, 77) : inscription par arrêté du 13 juillet 2006
Origine et histoire des Houillères
Les houillères d'Ahun regroupent les anciens ouvrages du bassin houiller d'Ahun‑Lavaveix, situés principalement sur les communes de Lavaveix‑les‑Mines et Saint‑Médard‑la‑Rochette, près d'Ahun, dans le centre du département de la Creuse. Le bassin s'étire sur environ 14 kilomètres de longueur pour une largeur moyenne de 1,5 kilomètre et couvre près de 25 km2 répartis sur sept communes. Il s'agit d'un bassin d'effondrement post‑hercynien, bordé par le massif granitique de Guéret et traversé par la rivière Creuse; le territoire s'inscrit dans l'unité paysagère des collines d'Aubusson‑Bellegarde. Les formations carbonifères se composent de grès, de schistes et de couches charbonneuses d'une épaisseur maximale de 350 mètres, où se superposent dix‑huit couches de charbon, dont trois présentent un caractère économique avec des puissances de 0,5 à 6 mètres; certaines affleurent à l'est du bassin. L'exploitation charbonnière remonte au Moyen Âge, avec des indices d'extraction artisanale dès le XIIIe siècle et des sources écrites à partir du XVIIe siècle, notamment aux secteurs de La Vaveix au nord et de Courbarioux‑Fourneaux au sud. La réglementation royale introduite en 1774 a conduit, à la fin du XVIIIe siècle, à la concession de gisements à des propriétaires, puis à une exploitation plus organisée au XIXe siècle, marquée par la création successive de sociétés et par la loi de 1810 relative aux mines. L'entrée de capitaux parisiens à partir de 1856 a permis d'importants investissements et, en 1863, les concessions furent réunies sous la Société anonyme des Houillères d'Ahun, qui développa et modernisa les installations. Le bassin se développa au tournant du XIXe et du XXe siècle : fours à coke, lavoirs, laboratoires, ateliers et logements ouvriers furent implantés, et l'arrivée du chemin de fer facilita l'essor industriel et l'implantation d'activités connexes. Vers 1870‑1872, l'exploitation comptait une soixantaine de fours à coke et l'année 1874 marqua un pic d'extraction avec 354 000 tonnes. Malgré ces avancées, la productivité déclina à partir de la fin des années 1870 et la société connut des difficultés structurelles, ponctuées de mouvements sociaux en 1877, 1914 et 1927‑1928. La concession Nord fut fermée en 1928 et de nombreux puits abandonnés furent rapidement inondés; la compagnie tenta ensuite des diversifications et des gestions temporaires de concessions extérieures sans succès durable. Après la Seconde Guerre mondiale, la production connut une reprise limitée: la concession Nord fut relouée en 1945 à une société d'exploitation, mais le bassin, de faible rendement, ne fut pas intégré au programme de nationalisations de 1946. La dernière descente dans les puits de la concession Sud eut lieu le 31 mars 1961; l'activité se poursuivit au Nord jusqu'à une interruption en 1968 puis une fermeture définitive le 28 février 1969. Au total, le bassin a compté 210 ouvrages miniers au cours de son histoire, et l'appellation « houillères d'Ahun » désigne la société privée qui exploita ces puits de 1863 à 1969, sans nationalisation. Après la cessation de l'exploitation, les sites furent largement abandonnés et la société d'exploitation fit l'objet d'une radiation en 1976; la Société anonyme des Houillères a maintenu une existence juridique jusqu'à sa liquidation judiciaire prononcée le 8 mars 2005, suivie du transfert du fonds d'archives aux Archives départementales. Le passé minier a généré un risque d'affaissements qui a conduit à l'élaboration d'un Plan de prévention des risques miniers prescrit le 14 novembre 2000, à un inventaire des infrastructures en 2005 et à des campagnes de sondage et de sécurisation engagées à partir de 2006; ces opérations ont entraîné la disparition de la plupart des chevalements et la sécurisation ou la destruction d'anciens puits, de sorte qu'en 2006 il ne restait qu'une quarantaine des 210 sites historiques. Une partie des bâtiments a été inscrite à l'Inventaire supplémentaire des monuments historiques le 13 juillet 2006, et des actions de valorisation ont été mises en œuvre localement : parcours d'interprétation à Lavaveix, réhabilitation d'anciens ateliers soutenue par la Fondation du patrimoine et accueil d'activités économiques orientées vers le développement durable, ainsi que la création d'espaces de cotravail et de tiers‑lieux à partir de 2017. Ces démarches témoignent d'une volonté de concilier gestion des risques, conservation des vestiges et reconversion économique du patrimoine minier.