Origine et histoire du Fort de l'Île Harbour
L'île Harbour, îlot rocheux de la baie de Saint-Malo appartenant à la commune de Dinard (Ille‑et‑Vilaine), est inscrite comme site naturel et son fort est classé monument historique ; l'ensemble appartient à un particulier. L'ancienne redoute de l'île fut transformée en fort par l'ingénieur Siméon Garangeau en 1689, dans le cadre des travaux conduits aux XVIIe et XVIIIe siècles sous l'impulsion des ingénieurs Vauban et Garangeau. Le fort occupe le sommet de l'îlot et présente une enceinte au périmètre irrégulier percée de créneaux. Sur le flanc est se détache un petit bastion pentagonal et, à l'angle sud‑est, un autre bastion appelé "l'Avancé", qui assure l'accès au fort. Un bâtiment de casernement et un magasin à poudre dominent les courtines. Sa fonction principale était de protéger l'entrée de la Rance et deux passes d'accès à Saint‑Malo : la passe principale des Portes au nord‑est et la passe plus petite du Décollé le long de la côte dinardaise au sud. Le fort faisait partie du système défensif de Saint‑Malo, aux côtés des forts de La Conchée, du Petit Bé et du Fort National. En temps de paix la garnison comptait moins d'une dizaine d'hommes ; en temps de guerre elle pouvait atteindre 90 hommes, dont 60 issus de la milice bourgeoise de Saint‑Malo. Géographiquement, l'îlot se situe face à Dinard, à environ 1 km au nord de la plage Saint‑Énogat, à quelque 3 km à l'ouest de Saint‑Malo intra‑muros et un peu plus de 2,5 km au sud de l'île de Cézembre ; il correspond à la partie émergée du banc de Harbour, composé de rochers n'affleurant qu'à marée basse. L'origine du toponyme harbour demeure incertaine : les cartes anciennes font apparaître les formes Herbois et Herbou, et les archives du milieu du XVIIIe siècle mentionnent Arbour, Erbou et même À rebours. Ces variantes toponymiques rappellent, comme pour d'autres lieux au sud de l'île de Cézembre (Grand Jardin, Grand Murier, Pierre de la Vache, les Herbiers), des prés‑salés qui n'étaient submergés qu'aux grandes marées. La légende locale veut que saint Aaron ait accueilli Maclou sur l'île au Ve siècle et prétend que, avant le raz‑de‑marée de l'an 709, l'île abritait le port primitif d'Aleth ; le sens anglais de "harbour" a contribué à renforcer cette idée, bien que ce nom soit relativement récent. L'île a été inscrite comme site le 27 septembre 1934 ; après la libération de Saint‑Malo en août 1944, le fort perdit sa vocation militaire et fut abandonné, puis classé monument historique le 4 juin 1952. Le fort a appartenu un temps à l'acteur Alain Delon après son intérêt pour les forts maritimes suite au tournage en 1967, puis il a été revendu en 1981 au propriétaire qui le détenait en 2015.