Origine et histoire
L'ensemble de la Grand'Mare se situe à Rouen (Seine-Maritime), au 15 rue Jean-Philippe-Rameau, dans le quartier de la Grand'Mare. Il comprend 500 logements répartis en 25 plots de quatre étages, achevés en 1969, et participe à l'urbanisation des plateaux nord de la ville. Les architectes Marcel Lods, Paul Depondt et Henri Beauclair ont travaillé en association au sein du Groupement d'études architecturales pour l'industrialisation du bâtiment (GEAI), en collaboration avec des industriels tels que Saint-Gobain, Pechiney et l'OTUA, pour mettre en œuvre un procédé de construction fondé sur l'assemblage sur place d'éléments préfabriqués. Un prototype installé à Aubervilliers précéda la réalisation de la Grand'Mare ; après la visite du ministre de l'Équipement et de la Construction, Edgard Pisani, le GEAI reçut l'autorisation de construire les 500 logements HLM, puis le prototype fut démonté et réinstallé à La Courneuve en 1972. La structure métallique, associée à des façades en aluminium et en verre, illustre l'emploi de matériaux légers et un souci d'adaptabilité de l'habitat, tandis que l'aménagement accorde une large place aux espaces verts, présenté comme un modèle d'organisation urbaine. Le film documentaire Jeu de construction témoigne de l'innovation que représentait cette opération au début des années 1970. Au fil du temps, l'ensemble a cependant montré des désagréments pour ses occupants : nuisances acoustiques liées aux bruits d'impact, insuffisance thermique du simple vitrage et problèmes d'étanchéité des sols. Neuf incendies ont provoqué la mort de huit personnes. À la suite d'un des sinistres, les immeubles furent menacés de démolition au début des années 1980 ; ils furent finalement sauvés grâce à la mobilisation des habitants, qui durent toutefois déménager pour permettre des travaux de sécurisation. Une campagne de rénovation a eu lieu vers 2008, mais après deux incendies dramatiques en 2011 les trois premiers plots furent démolis la même année, quatorze autres en 2013. La démolition de six des huit derniers plots a commencé en 2017 ; depuis, il ne reste que deux immeubles, dont le plot n°2, inscrit au titre des monuments historiques en 2010.