Origine et histoire
L'Hôtel Negresco a été créé par Henri Négresco, fils d'un aubergiste roumain, grâce au financement d'industriels de l'automobile dont Alexandre Darracq et à la conception de l'architecte parisien Édouard-Jean Niermans. Construit en béton armé pour des raisons de coût et de rapidité, l'établissement date du début du XXe siècle et rappelle par son plan les grands palaces conçus par Niermans. La verrière ovale du grand hall, œuvre de l'architecte, le sol en marbre de Carrare et un lustre de Baccarat de 4,60 mètres composé de 16 800 cristaux figurent parmi les éléments marquants du décor ; une coupole rose, dont la construction est entourée de légende, est également associée à l'histoire du lieu. Durant la Première Guerre mondiale, l'hôtel a été transformé en hôpital militaire puis restitué en 1918, et des difficultés d'indemnisation ont conduit Henri Negresco à perdre son entreprise en 1920. Après la Seconde Guerre mondiale l'hôtel a continué d'accueillir événements et personnalités, notamment lors d'une cérémonie en 1945 et du Nice Jazz Festival de 1948 où Suzy Delair chanta C'est si bon en présence de Louis Armstrong. Racheté en 1957 par Jean‑Baptiste Mesnage, il fut placé sous la gestion de sa fille Jeanne Augier et converti partiellement en résidence, tandis que son aile principale conservait la vocation hôtelière. Jeanne Augier transforma le Negresco en hôtel‑musée en réunissant une importante collection d'œuvres et d'objets d'art — tableaux, portraits, sculptures et tapisseries — et fit aménager salons, suites et espaces communs dans un esprit mêlant mobilier ancien et créations contemporaines. L'établissement conserve des pièces remarquables, parmi lesquelles des portraits de monarques, des tapis et œuvres d'artistes contemporains, un salon royal sous verrière et un grand lustre de Baccarat, ainsi que des éléments importés de châteaux pour certains décors. À la demande du chef de l'État, Jeanne Augier participa en 1965 à la conception d'un palace en Iran, en s'appuyant sur son expérience du Negresco. Elle a ensuite refusé plusieurs offres de rachat afin de préserver l'indépendance de l'établissement et a légué l'hôtel et sa fortune au fonds de dotation Mesnage‑Augier‑Negresco, dont les statuts ont été déposés le 17 avril 2009, ce fonds consacrant notamment des actions en faveur des animaux, des personnes handicapées et de la préservation culturelle. En préparation du centenaire, l'hôtel a été fermé pour travaux du 4 janvier au 1er juillet 2010 afin de moderniser suites, salles de bains, cuisines, façades et la verrière du salon royal ; le centenaire a été célébré en 2012. L'établissement a reçu en 2001 le label « Patrimoine du XXe siècle », et le 13 juin 2003 les façades, toitures et le grand hall central dit « salon royal » ont été classés aux monuments historiques ; en novembre 2015 l'hôtel a obtenu le label « Entreprise du patrimoine vivant ». À partir de 2013 la direction et la succession de Jeanne Augier ont donné lieu à une administration judiciaire et à des procédures complexes, marquées par des enquêtes et des mises en examen ; Jeanne Augier est décédée le 7 janvier 2019 et la gestion du patrimoine repose aujourd'hui sur le fonds de dotation. Le 24 octobre 2019 Lionel Servant a pris la direction de l'établissement. Sur le plan économique, la société exploitante, immatriculée depuis février 1920, a réalisé en 2018 un chiffre d'affaires de 20 230 000 euros avec un résultat de 1 044 000 euros et employait en 2017 en moyenne 171 salariés. L'hôtel, situé sur la promenade des Anglais à Nice, accueille une galerie d'art permanente issue des achats de Paul et Jeanne Augier, dispose de salons modulables pour réceptions et congrès, du restaurant gastronomique Le Chantecler (dirigé par la cheffe Virginie Basselot), d'un bistrot, d'un piano‑bar, de 121 chambres et 24 suites au décor varié, ainsi que d'équipements et services tels que salon de beauté, salle de sport, conciergerie, boutiques de luxe et une plage privée. Le Negresco a servi de décor à de nombreux films et apparaît aussi dans la littérature, notamment dans La Promesse de l'aube de Romain Gary.
