Origine et histoire
Cet immeuble doit faire partie du plan de Louis de 1773 et ne porte aucune trace de l'angle de la porte construite par Guillaume Chevay sur les ordres de Tourny, édifiée de 1754 à 1756 à l'entrée de la rue Sainte-Catherine. Le premier étage s'ouvre par cinq fenêtres moulurées surmontées d'un bandeau sculpté de corbeilles de fleurs et de fruits et de rinceaux. Au deuxième étage, des feuilles de chêne ornent les ouvertures. Un balcon en encorbellement repose sur des consoles sculptées et l'ensemble est couronné par une balustrade de style Louis XVI.
L'hôtel Bonnaffé, ou maison Bonnaffé, est un hôtel particulier construit en 1785 à Bordeaux; il forme la partie occidentale de l'îlot qui porte son nom, compris entre le cours du Chapeau-Rouge et les rues Sainte-Catherine, de la Maison-Daurade et des Pilliers-de-Tutelle. Il est situé au 54 cours du Chapeau-Rouge. En 1780, l'armateur François Bonnaffé acheta trois maisons contiguës situées place de la Comédie pour 111 000 livres (équivalent à 1,25 million d'euros), les fit démolir et confia à l'architecte bordelais Étienne Laclotte la construction d'un hôtel à la hauteur de sa fortune. Les travaux commencèrent en 1783 et s'achevèrent en 1785. Entre 1782 et 1787, les parcelles voisines furent bâties de manière à constituer un îlot homogène à l'architecture ordonnancée, d'où l'appellation d'îlot Bonnaffé, bien que l'armateur n'ait été propriétaire que de son hôtel, qui représente le tiers du bloc.
Souhaitant surpasser le Parisien Victor Louis, Laclotte fit élever l'hôtel suffisamment haut pour dominer la terrasse du Grand Théâtre. Le rez-de-chaussée accueillait des boutiques, l'entresol abritait des bureaux et les étages supérieurs constituaient le logement familial, avec salons en façade sur le cours du Chapeau-Rouge et une salle à manger donnant sur la rue Sainte-Catherine. Lors de son séjour à Bordeaux en 1785, l'écrivaine allemande Madame de la Roche décrivit l'escalier d'honneur comme « superbe », s'étendant jusqu'au troisième étage et très doux à monter, et trouva le grand salon noblement décoré de boiseries sculptées et peint en gris-argent laqué, sans dorures mais marqué par le bon goût et la noblesse. Des décors qui l'avaient émerveillée, il ne subsiste aujourd'hui que l'escalier d'honneur avec sa rampe en fer forgé chantourné.
François Bonnaffé mourut en 1809 à l'âge de 85 ans, et la légende veut qu'il soit mort sur le balcon de sa maison. Le 30 novembre 1844, l'hôtel Bonnaffé fut vendu par Édouard Bonnaffé, petit-fils de François, à monsieur Desgrottes pour 350 000 francs. Les façades sur rues de l'hôtel Bonnaffé et les toitures correspondantes sont inscrites aux monuments historiques depuis 1965; les façades et toitures des hôtels attenants aux numéros 48, 50 et 52 du cours du Chapeau-Rouge le sont également.