Immeuble à Boulogne-Billancourt dans les Hauts-de-Seine

Immeuble

  • 92100 Boulogne-Billancourt
Immeuble
Immeuble
Immeuble
Propriété privée

Période

2e quart XXe siècle

Patrimoine classé

En totalité, l'immeuble situé 23 rue de la Tourelle, et 24 rue Nungesser-et-Coli à Paris 16e, y compris l'ancien appartement de Le Corbusier, à l'exception des autres parties privatives (cad. U 46) : classement par arrêté du 9 juin 2017

Origine et histoire

L'immeuble Molitor, aussi appelé immeuble 24 N.C., est un immeuble de rapport réalisé par Le Corbusier et Pierre Jeanneret entre 1931 et 1934 à Boulogne-Billancourt, à la limite de Paris. Il fut édifié pour la Société immobilière de Paris–Parc-des-Princes et constitue le seul immeuble de rapport de Le Corbusier en région parisienne; le site figure, avec seize autres œuvres de l'architecte, sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO. La parcelle, entièrement située sur la commune de Boulogne-Billancourt, présente deux façades identiques : la façade est donne au 24 rue Nungesser-et-Coli, qui marque la limite avec le 16e arrondissement, et la façade ouest au 23 rue de la Tourelle. Le projet fut commandé en juin 1931 par les promoteurs Marc Kouznetzoff et Guy Noble, qui chargèrent Le Corbusier et Pierre Jeanneret de concevoir un immeuble d'environ huit étages et une quinzaine de logements. Les architectes conçurent, entre juillet et octobre 1931, un bâtiment intégrant plusieurs des "cinq points" de Le Corbusier — plan libre, structure ponctuelle, façade libre, pans de verre et toiture-terrasse. Le découpage prévu comprenait trois logements aux premier et deuxième niveaux ainsi qu'aux quatrième et cinquième étages, et deux logements aux troisième et sixième niveaux, soit deux ou trois appartements par niveau. Le Corbusier négocia la jouissance des deux derniers étages pour y aménager, à ses frais, un duplex-atelier et la toiture. Les travaux, commencés en février 1932 après obtention des permis de construire, furent ralentis par l'absence d'acquéreurs pour certains appartements et par les difficultés financières de deux entrepreneurs; le chantier reprit en octobre 1933 et s'acheva au début de 1934. La société promotrice fit faillite en 1935; la banque impliquée tenta de vendre l'immeuble dans son ensemble, contestant le titre de propriété de l'appartement de Le Corbusier et l'obligeant à engager une procédure judiciaire de dix ans, qui aboutit à la reconnaissance de son statut de copropriétaire en 1949. Pendant cette période, l'entretien du bâtiment fut négligé, malgré les démarches de Le Corbusier, et des travaux de rénovation importants furent entrepris en 1950 pour remplacer des pans de verre endommagés et ravaliser la façade; la rouille resta néanmoins un problème récurrent. Le Corbusier occupa l'appartement-atelier des septième et huitième étages de 1933 jusqu'à sa mort; cet appartement-terrasse fut restauré en 1962 sous son contrôle et appartient aujourd'hui à la Fondation Le Corbusier. Les deux façades sont largement vitrées afin d'assurer une lumière homogène dans les logements; trois types de verre y ont été employés : verre armé, briques de verre (dont la marque "Névada") et glace claire. La façade sur la rue Nungesser-et-Coli présente des parties saillantes : les deuxième et sixième étages comportent un balcon, les troisième et quatrième un bow-window qui sert de balcon au cinquième, tandis que les septième et huitième étages accueillent l'atelier et la chambre d'ami donnant sur le toit-jardin. L'accès principal se fait depuis la rue Nungesser-et-Coli; l'entrée côté rue de la Tourelle dessert les garages et les logements de service, car Le Corbusier souhaitait regrouper au rez-de-chaussée les activités de service (buanderie, séchoir, conciergerie et chambres de domestiques), rompant avec la pratique du XIXe siècle. Le hall d'entrée, d'une hauteur sous plafond de 3,50 m, s'ouvre par un porche, s'élargit après une courbe et contient la loge du concierge, le studio surnommé "la garçonnière" et, au fond à droite, un panneau mural consacré au "Poème de l'angle droit" apposé après la mort de l'architecte. L'immeuble compte six niveaux desservis par un ascenseur; un dernier escalier mène à l'appartement-atelier. L'appartement-atelier personnel couvre environ 240 m2 sur les septième et huitième étages, reliés par un escalier intérieur et accessibles depuis le sixième étage par un escalier de service. Des portes pivotantes en bois permettent d'ouvrir ou de cloisonner l'atelier et le logement pour organiser les parcours lors des réceptions. L'entrée de l'appartement donne sur un salon avec coin cheminée et une salle à manger prolongée par une cuisine, un office et la chambre conjugale, ces pièces ouvrant sur un balcon-loggia. L'atelier se distingue par une grande voûte blanche d'environ 6 m de large, 12 m de long et 3,50 m de haut, deux pans de verre offrant des vues à l'est sur le stade Jean-Bouin et à l'ouest sur la cour, ainsi qu'un grand mur de moellons et de briques apparentes. L'espace d'atelier est divisé en trois sous-espaces dédiés à la peinture, au bureau et aux fonctions de service comprenant une chambre de domestique et des rangements; le niveau supérieur donne accès à une chambre d'ami et au toit-jardin. L'immeuble bénéficie de protections aux titres des monuments historiques : l'appartement-terrasse l'est depuis 1972, les façades sur rues, la cour, les toitures et le hall d'entrée depuis 1990, et l'ensemble de l'immeuble, à l'exception des autres parties privatives, a été classé par arrêté du 9 juin 2017, abrogeant les protections antérieures.

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