Origine et histoire
Immeuble dit graineterie Genin Louis, situé 52 rue Saint-Jean et 2 rue Bénit dans le quartier Charles III - Centre Ville de Nancy. Construit entre 1900 et 1901 pour Jules Genin et Camille Louis par les architectes Henri Gutton et son neveu Henry Gutton, l'édifice est le premier à Nancy à afficher une structure métallique apparente tout en accueillant des logements. Le gros œuvre fut réalisé par l'entreprise de construction métallique de Frédéric Schertzer, avec une structure métallique en acier riveté fournie par la maison Fould Dupont de Pompey; la maçonnerie fut exécutée par l'entrepreneur Guillemin et les hourdis par la maison Kalis fils. La céramique est l'œuvre d'Alexandre Bigot, et les quatre verrières décoratives intitulées "Les Glycines" sont attribuées au verrier nancéien Jacques Grüber. En février 1902, les combles furent détruits par un incendie. Menacé de destruction en 1973, l'immeuble a été restauré en 1975 ; les façades et toitures sur rues, y compris l'oriel, ont été inscrites au titre des monuments historiques par arrêté du 16 août 1976. L'escalier intérieur du magasin a été détruit et le décor peint au pochoir des façades, la marquise de la porte et les épis de faîtage de la flèche ont disparu. En 1902, l'architecte Emile André installa ses bureaux au deuxième étage. Représentatif du courant rationaliste inspiré par Viollet-le-Duc, l'ouvrage exploite la structure métallique rivetée pour répondre à l'exiguïté de la parcelle d'angle et à la présence du magasin aux deux niveaux inférieurs, tandis que les trois niveaux supérieurs sont aménagés en logements; la structure métallique soutient une charpente en bois. La décoration, concentrée sur l'oriel et les baies inférieures, associe motifs végétaux et ferronnerie : à la base de l'oriel, des fleurs et des capsules de pavot en fer forgé rappellent la fonction commerciale, et au sommet les montants d'acier se terminent par des motifs végétaux stylisés évoquant ceux des grilles. Œuvre originale née d'une collaboration entre architectes et ingénieurs, cet immeuble réalise la synthèse recherchée par l'École de Nancy entre structure et décoration, forme et fonction, et son procédé de construction audacieux suscita de nombreuses critiques sans donner lieu à une diffusion généralisée.