Origine et histoire
La maison des Sœurs Macarons, aussi appelée maison Grisot ou hôtel de Gormand, est une maison de ville élevée au XVIIIe siècle rue des Sœurs Macarons à Nancy par l’architecte lorrain Jean‑Nicolas Jennesson. Elle a été construite en 1725 pour Antoine Grisot de Bellecroix, trésorier payeur des dettes et charges de Lorraine, qui avait acheté le terrain en 1722 et possédait déjà l’hôtel voisin au n°8. Grisot fit orner la grille de l’imposte de la porte d’entrée de ses initiales entrelacées A et G, répétées pour la symétrie et surmontées d’une couronne aujourd’hui disparue. La maison changea de mains et, lors de la vente révolutionnaire du 31 mars 1794, appartenait à la famille Vallet ; Alexis Morot devint propriétaire. Elle passa ensuite à Nicolas et Anne Muller, née Marchal ; Anne était la nièce d’Élisabeth Morlot, ancienne religieuse qui, selon la tradition, se réfugia ici à la Révolution avec d’autres sœurs et aurait commencé à y préparer les fameux macarons, d’où le nom de la maison. Le bâtiment resta dans la même famille pendant plus d’un siècle : de Nicolas et Anne Muller à leur fils Joseph Nicolas Muller, puis à Élisabeth Muller et son mari Joseph Louis Vagner, avant de revenir en 1890 à un cousin, Hector Nicolas Moinel, puis en 1925 à la veuve Jeanne Odile Pierrat. En 1935 Jeanne Moinel vendit l’immeuble tandis que son neveu céda le fonds de commerce créé un siècle plus tôt ; la famille Couturieux acquit les murs et Georges Aptel le commerce, qui poursuivit la fabrication des macarons. En 1959, Georgette Lefèvre, de la confiserie Lefèvre‑Denise, racheta l’immeuble et continua de louer le magasin et les ateliers au rez‑de‑chaussée à Georges Aptel. La production cessa au tout début des années 1980 lorsque Georges Aptel transféra le magasin rue Gambetta, et la maison fut divisée en appartements au milieu des années 1980. Le bâtiment, en L, possède une petite cour où se trouve un puits aujourd’hui fermé.
La tradition attribue aux religieuses expulsées la fabrication et la vente des macarons dans cette maison, mais la taille du four conservé rend incertaine une production en grande quantité ; le nom est toutefois resté associé au lieu. Au XIXe siècle l’activité se développa et le rez‑de‑chaussée fut aménagé : l’atelier, avec fours et machines, occupait une grande pièce sur cour près du puits, tandis que le magasin se trouvait dans une pièce sur rue immédiatement à droite de la porte d’entrée, repérable depuis la rue par des brise‑vues en vitrail. En 1889 Ferdinand Gounon réalisa un vitrail représentant une religieuse, inscrit à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 2021. Le vitrail original fut déplacé rue Gambetta lors du transfert du magasin, remplacé ultérieurement par une copie et remis rue des Sœurs Macarons lors des Journées européennes du patrimoine de 2020 après près de trente ans en réserve. L’atelier du rez‑de‑chaussée conserve deux fours, dont le plus ancien et un four en briques du XIXe siècle construit par les Muller, équipés de plateaux tournant par manivelle, et le mobilier et les emballages conservés dans l’ancien magasin témoignent de l’histoire commerciale liée à la confiserie.
Malgré d’importants remaniements des décors intérieurs au XIXe siècle, la maison conserve plusieurs éléments d’origine, notamment au rez‑de‑chaussée. Elle bénéficie de protections multiples : classée site urbain depuis 1947, incluse dans un secteur sauvegardé et partiellement inscrite en 1987 pour les deux fours et la cheminée situés dans la pièce sur cour du rez‑de‑chaussée, le grand escalier avec sa rampe en fer forgé, ainsi que les façades et toitures sur rue et sur cour.