Origine et histoire
La place Stanislas, inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1983, est un ensemble urbain classique situé à Nancy, voulu et financé par le duc Stanislas Leszczyński et réalisé de 1751 à 1755 sous la direction d'Emmanuel Héré. Située à la limite nord‑est du centre‑ville, elle relie la Ville‑Vieille et la Ville‑Neuve et joue un rôle structurant dans l'urbanisme de la cité. De dimensions modérées (106 m sur 124 m), son originalité tient à l'homogénéité de son aménagement et à la qualité architecturale qui évoque plus une capitale d'Ancien Régime qu'une ville provinciale. Appelée familièrement « place Stan », elle a porté successivement plusieurs noms en fonction des aléas politiques avant de reprendre définitivement celui de Stanislas en 1831. Destinée à rassembler les institutions et les lieux de divertissement au croisement d'axes majeurs, la place dut cependant composer avec les fortifications subsistantes, contraintes qui influencèrent sa conception et son architecture. Pour mener à bien le projet, Stanislas prit à sa charge d'importantes dépenses pour la construction des façades et des bâtiments publics, et il s'entoura d'architectes et d'artistes de premier plan. Après une première attribution du chantier à Jean‑Nicolas Jennesson, Emmanuel Héré fut chargé de la réalisation ; la pose de la première pierre du pavillon Jacquet eut lieu le 18 mars 1752 et les travaux mobilisèrent jusqu'à 400 ouvriers simultanément. L'inauguration solennelle, marquée par de vastes célébrations, se déroula le 26 novembre 1755. Dès l'origine, la place fut ornée de grilles en fer forgé doré par Jean Lamour, de fontaines rococo représentant Neptune et Amphitrite et d'un arc de triomphe conçu par Héré pour ouvrir la perspective vers la place de la Carrière. Le centre de la place a d'abord été occupé par une statue de Louis XV, fondue pendant la Révolution, puis remplacée en 1831 par le monument à Stanislas réalisé par Georges Jacquot. Les bâtiments qui ceinturent la place, tous signés par Emmanuel Héré, forment un ensemble classique d'ordre corinthien comprenant l'hôtel de ville qui occupe tout le côté sud, les grands pavillons (Grand Hôtel de la Reine, pavillon Jacquet, Opéra‑théâtre et Musée des Beaux‑Arts) et deux petits pavillons appelés basses faces. L'Opéra‑théâtre, l'ancien hôtel des fermes, et le pavillon du Musée des Beaux‑Arts ont connu des reconversions et des restaurations au fil du temps, comme l'extension et la rénovation menées respectivement au XXe siècle. Les aménagements du sol et de l'éclairage ont été remaniés à plusieurs reprises : les tentatives de réfection du XIXe et du XXe siècle, une opération de nivellement et de pavage en 1958 qui s'est révélée inesthétique et l'interdiction du stationnement en 1983 sont autant d'étapes d'une longue histoire urbaine. À l'occasion du 250e anniversaire, une réhabilitation extensive a rendu à la place sa configuration d'origine : piétonnisation, renouvellement du pavement avec diagonales de pavés noirs, restauration des façades et des grilles, redéfinition de l'éclairage et réaménagement des trottoirs. Pilotée par l'architecte en chef des monuments historiques et des spécialistes, cette opération a été financée par la ville, l'État, la région et le département pour un budget de 8 millions d'euros et a été inaugurée en 2005. Une capsule temporelle destinée aux générations futures a été enfouie sous la place et signalée par un pavé « étoilé ». Les grilles et fontaines, l'arc de triomphe et l'ensemble du domaine public de la place ont fait l'objet de classements successifs au titre des monuments historiques, tandis que l'ensemble urbain formé par la place Stanislas, la place de la Carrière et la place d'Alliance est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO. La place demeure un lieu vivant, théâtre de manifestations culturelles et festives, et attire chaque année un public nombreux ; elle a par ailleurs été élue Monument préféré des Français en 2021.