Origine et histoire de l'Immeuble Petit-Fers
L'immeuble des anciens établissements Petit-Fers a été construit entre 1894 et 1906 par la famille Petit, négociants en métaux. Il présente une ossature métallique de type Baltard et un plan en T, avec une façade-vitrine richement décorée mêlant granit, calcaire (tuffeau), brique, fonte et céramique, qui illustre l'art industriel de la fin du XIXe siècle. L'opération a été engagée à la suite d'une demande de Jean Petit formulée en 1892 et menée vers 1893-1894. L'édifice occupe l'emplacement de l'aile sud et de la cour intérieure de l'hôpital Saint-Nicolas, en bordure de la rue Alain Le Grand, ouverte lors de la construction de la nouvelle préfecture. Une vue aérienne de Lancrenon, datée de 1893, montre que la charpente métallique des halles arrière a été mise en place avant celle du corps sur rue. Avant cette construction, Jean Petit avait déjà édifié, sur des parcelles acquises à partir de 1867, deux grands immeubles d'habitation mitoyens : l'un sur la rue Francis Decker, l'autre à l'angle des rues Alain Le Grand et Francis Decker, correspondant aux parcelles K 875, 870 et 871 du cadastre de 1844. Un plan de 1876 indique l'alignement demandé pour l'immeuble d'angle et la construction en cours de l'immeuble bordant la rue Francis Decker. Selon la demande de 1892, il s'agissait d'édifier des magasins adjacents à l'immeuble d'angle, qui abritait déjà au rez-de-chaussée un commerce de quincaillerie ; Jean Petit a renouvelé sa demande le 1er juillet 1893 pour prolonger d'un an son autorisation de construire. La vue aérienne montre également, dans la cour arrière, un corps de bâtiment oblique, jointif au premier immeuble de la rue Francis Decker, vraisemblablement utilisé comme hangar ou bureaux ; ce corps sert de point d'attache aux petites ailes latérales de la halle centrale une fois l'édifice achevé. En 1906, Jules Petit, fils de Jean Petit, est domicilié au dernier étage du corps principal et déclaré propriétaire des établissements. L'exploitation a été reprise par les établissements Yves Lepage, « entrepôts métallurgiques de Basse-Bretagne », avant d'être acquise en 1974 par les Comptoirs métallurgiques de Bretagne, qui ont déménagé en 1975. Par la suite, les bâtiments ont été transformés partiellement en galerie marchande, dite « Les Arcades », puis l'un des espaces a accueilli une pizzeria-cafétéria en 1999 ; une grande partie de l'immeuble est inoccupée depuis le début des années 2000 et a été rachetée par un assureur vannetais envisageant d'y installer une galerie commerciale. Les anciennes cartes postales témoignent des modifications de la façade principale, notamment le démontage du mur-bahut formant soubassement sous quatre baies pour permettre l'installation de vitrines. Le volume commercial intérieur a été profondément remanié pour accueillir plusieurs boutiques et bureaux, l'ancienne entrée des entrepôts sur la rue Francis Decker ayant été transformée en passage de distribution, et le dernier niveau d'habitation, initialement occupé par un seul appartement, ayant été divisé en plusieurs logements. Le nom de l'architecte reste inconnu ; en revanche, les colonnes de fonte portent la marque des établissements Fontanet père et Morel, entrepreneurs et constructeurs de charpentes en fer installés boulevard de Grenelle à Paris à la fin du XIXe siècle, entreprise présente à plusieurs reprises, notamment à Tonnerre pour le marché couvert de 1903 et pour des réalisations à Paris. Les façades, les toitures et la structure métallique de l'immeuble font l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis le 30 mai 2000, et l'édifice est intégré au secteur sauvegardé de Vannes.