Origine et histoire
La rue Grand-Pont, située rive droite de Rouen, est une voie commerçante en partie piétonne du centre historique, longue de 250 mètres et reliant le pont Boieldieu, à l'intersection du quai de la Bourse, au quai Pierre-Corneille, au tunnel Saint-Herbland et à la place de la Cathédrale ; elle croise notamment les rues Saint-Étienne-des-Tonneliers, de la Savonnerie, du Général-Leclerc et aux Ours. Son nom rappelle l'ancien pont de pierre appelé Grand-Pont, édifié sous Mathilde l'Emperesse, qui a donné son nom à la voie suivant le cardo maximus de la ville. L'appellation a connu des variations : le nom de Grand-Pont avait d'abord été attribué à la rue des Carmes et la porte de Grand-Pont, démolie en 1810, se trouvait en bas de l'actuelle rue; la rue elle-même a porté successivement des noms liés à Saint-Martin, en raison de l'église Saint-Martin-du-Pont, et abritait au XVe siècle un hôpital Saint-Martin. Au bas de la rue, au croisement avec la rue des Charrettes, le premier théâtre des Arts, conçu par l'architecte François Guéroult, fut édifié entre 1774 et 1776 et inauguré le 29 juin 1776 avec Le Cid de Corneille; détruit par un incendie le 25 avril 1876, il fut remplacé par un bâtiment néo-classique signé Louis Sauvageot, inauguré en 1882. Ce théâtre subit ensuite des incendies et des destructions partielles lors des combats de 1940 et de 1944 : il brûla partiellement pendant la prise de la ville le 9 juin 1940, puis ses espaces intérieurs furent anéantis par un bombardement américain le 4 juin 1944, les façades ayant été relativement épargnées. Les premiers trottoirs de la rue datent de 1856. De février à avril 1893, Claude Monet y réalisa six tableaux de la cathédrale depuis le magasin Caprice de M. Édouard Mauquit, alors au n°81 (immeuble détruit pendant la Seconde Guerre mondiale, emplacement correspondant aujourd'hui au n°49). Un magasin Art nouveau aux Nouvelles Galeries, édifié par Raymond Loisel entre 1898 et 1903, fut détruit pendant la guerre puis reconstruit dans un style moderniste en 1953 un peu plus au nord. Les destructions de 1940 (partie est) et de 1944 (partie ouest) ont conduit à un vaste programme de reconstruction après-guerre : le quartier fut divisé en îlots rebâtis en 1950-1951 par plusieurs équipes d'architectes, et l'îlot A, aujourd'hui occupé par les Galeries Lafayette, est l'œuvre des architectes Feray, Robinne et Bonnet. Parmi les adresses remarquables de la rue, le n°22 est le lieu de naissance de Louis Née (1881-1969), le n°25 accueille le magasin des Galeries Lafayette reconstruit en 1953 notamment par Georges Feray, et le n°61 est lié aux naissances d'Armand Salacrou (1899-1989) et de Jacques Nobécourt (1923-2011). Le n°71 correspondait à un immeuble du XVIe siècle classé au titre des monuments historiques en 1922, détruit en juin 1940. Enfin, la brasserie Paul, fréquentée pendant l'entre-deux-guerres par Marcel Duchamp et Simone de Beauvoir, fut reconstruite après la guerre à l'angle de la place de la Cathédrale.