Origine et histoire
L'indigoterie de Grand Fond, située à Capesterre-de-Marie-Galante sur l'île de Marie-Galante (Guadeloupe), présente un état de conservation remarquable. Les vestiges, protégés au titre des Monuments historiques depuis 2013, sont construits en calcaire. L'installation comprend deux séries de cuves rectangulaires, disposées en équerre, chacune formée d'une trempoire — dite « la pourriture » — où fermentaient les feuilles d'indigo, suivie d'une batterie où l'indigo était battu pour s'oxyder et devenir bleu. Un puits, placé à la jonction des deux séries, servait à remplir les trempoires, et les trous de poteaux pour l'implantation des couvercles sont encore nettement visibles dans la maçonnerie. La configuration à deux séries de cuves permettait une production continue, la fabrication nécessitant néanmoins un nettoyage entre chaque cycle. L'indigoterie a été implantée à l'extrémité sud de la zone dite des Galets, une zone calcaire favorable à la culture de l'indigo. Cette culture, pratiquée notamment à Marie-Galante et à la pointe orientale de la Grande-Terre, utilisait l'Indigofera suffruticosa américain et l'Indigofera tinctoria asiatique importé d'Inde. La période de production des indigoteries en Guadeloupe s'est étendue de 1680 à 1735, avec un pic d'activité à Marie-Galante autour de 1720, avant leur disparition face à la concurrence des quantités massives produites à Saint-Domingue. L'indigo était vendu en Guadeloupe continentale et en Martinique à des marchands français et hollandais, qui l'importaient en Europe pour concurrencer le pastel. L'indigoterie de Grand Fond fait partie des vingt-quatre indigoteries subsistantes recensées sur Marie-Galante, principalement situées sur la côte orientale où la pluviométrie plus faible favorisait la culture des plants.